vendredi 7 décembre 2007

La participation au débat dans l’Athènes du Vème siècle

     Concrètement, Clisthène a élargi à 500 membres le conseil ou boulè. Ces 500 membres sont tirés au sort sur les listes de citoyens volontaires de plus de trente ans, à raison de 50 citoyens par tribu. Personne ne pouvait être membre de la boulè plus de deux fois dans sa vie. Ce conseil a pour objectif d’élaborer les projets de loi qui seront proposés à l’assemblée, de surveiller l’application des lois et d’administrer la cité (approvisionnement, voirie, constructions publiques). Les 500 membres ne siègent jamais ensemble, mais par groupes de 50 citoyens appartenant à une même tribu ; chaque tribu siège donc à la boulè durant un dixième de l’année ; les débats sont dirigés par un président de séance désigné par tirage au sort chaque jour, rôle qu’on ne pouvait tenir qu’une seule fois dans sa vie. Durant les discussions aboutissant aux textes de loi ou aux décisions administrative, les échanges se font entre artisans, marins, aristocrates venant de plusieurs coins de l’Attique. La boulè fixe également l’ordre du jour de l’ecclesia, l’assemblée des citoyens.

     L’ecclesia est ouverte à tous les citoyens (hommes uniquement, à partir de 18 ans). Au total elle devrait donc regrouper jusqu’à 30 000 citoyens. Ce chiffre ne fut sans doute jamais atteint ; mais pour les décisions graves, on exigeait un quorum de 6 000 citoyens. Durant les séances, qui se tiennent du lever au coucher du soleil, les citoyens sont assis par terre sur les pentes d’une colline proche de la place publique (agora), la Pnyx. Seuls sont bâtis la tribune pour les orateurs et l’autel destiné aux sacrifices indispensables à chaque début de séance. Au Vème siècle, l’ecclesia se réunit dix fois par an. Elle est convoquée par un signal dressé au-dessus d’un temple de l’agora, et présidée par le président de la boulè élu pour ce jour.
     L’ecclesia élit les commandants militaires, sert de cour de justice pour les crimes graves et adopte les décrets administratifs. L’ordre du jour est fixé par la boulè, mais les citoyens peuvent proposer des points supplémentaires, le tout étant d’afficher cet ordre du jour. Les textes préparés par la boulè sont présentés aux citoyens, mais n’importe quel citoyen peut en outre proposer un texte de décret ou une motion. Néanmoins, si cette motion est contraire aux lois préexistantes, ce citoyen peut être poursuivi en justice. Les textes présentés font l’objet de débats, l’orateur se présentant à la tribune pour exposer sa motion. Les votes se font à main levée.

     Ainsi, tous les citoyens pouvaient participer à la prise de décision dans la cité : au niveau local, dans les assemblées de dèmes ; au niveau de la cité, dans la boulè (deux fois dans une vie) et à l’ecclesia (dix fois par an au Vème siècle, quarante fois par an au IVème siècle). Néanmoins, ce système idéal connut dès la fin du Vème siècle des dérives démagogiques.

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