tag:blogger.com,1999:blog-21200552687353374422024-02-07T22:19:01.418-08:00Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autreLa démocratie participative veut évincer la démocratie représentative. Mais en réalité la place publique est occupée par les discours d'oligarques (économiques ou politiques) qui laissent peu de place à un peuple que notre Constitution définit pourtant comme souverain. Vers quelle vie politique allons-nous, dans un monde qui paraît à la fois immuable et bouleversé ?Unknownnoreply@blogger.comBlogger37125tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-80792040732140586812010-10-08T02:55:00.000-07:002010-10-08T03:16:57.225-07:00Une nouvelle PAC : plus verte et plus participative ?<div style="text-align: justify; font-family: trebuchet ms;">EurActiv <a href="http://www.euractiv.fr/premieres-indications-commission-future-pac-article?utm_source=EurActiv.fr&utm_campaign=3afc7d5989-quotidienne&utm_medium=email">évoque aujourd'hui </a>un document de travail de la Commission sur la PAC. Ce document circule dans les services du Commissaire européen à l'agriculture, Dacian Ciolos, et propose une nouvelle orientation pour la politique agricole commune, avec trois méthodes de réforme.<br /><br />La couleur de la nouvelle PAC est résolument plus verte:<br /><ul><li> la viabilité de la production alimentaire devrait être assurée par une limitation de la variabilité des revenus et une compensation des contraintes naturelles ;</li><li>l'agriculture aura comme objectif d'assurer une gestion durable des ressources naturelles, en garantissant la «sécurisation de la provision des biens publics environnementaux» (bienvenue à Bruxelles). Pour autant, la Commission n'oublie pas l'objectif de "croissance verte" et "d'innovation", même dans le domaine agricole.</li><li>l'équilibre du développement territorial est un point essentiel du dispositif, pour maintenir des emplois dans les campagnes. C'est affirmer que l'agriculture est un élément indispensable d'aménagement du territoire.</li></ul><br />Voilà pour le volet vert. On pourrait détailler en évoquant les aides à la filière laitière, les critères environnementaux de la distribution des aides, les signaux d'alerte sur les dysfonctionnements des marchés...<br /><br />Mais il y a également un volet citoyen. Le document préparatoire affirme en effet que les subventions seront simplifiées, afin d'être «compréhensibles» aux yeux des contribuables européens. Cette simplification passera par l'affichage des critères environnementaux et du soutien aux petits paysans.<br /><br />Enfin, le projet de la Commission s'inscrit dans une perspective systémique : l'évolution de la politique agricole doit être pensée avec celle des autres politiques (notamment l'Emploi, la Pêche et le développement régional).<br /><br />Pour atteindre ces objectifs, trois voies sont proposées :<br />- un premier scenario évoque des changements limités (distribution plus équitable des paiements directs entre les Etats membres, par exemple)<br />- le deuxième affirme une nouvelle orientation vers une agriculture plus "verte", des objectifs clairement affichés et compréhensibles pour tous les citoyens ;<br />- le troisième, plus audacieux, propose d'abolir les marchés et de recentrer la PAC sur des objectifs environnementaux. Une telle orientation aboutirait à une diminution des taux de production et la conclusion de la Commission est qu'elle entraînerait «une perte des synergies entre les dimensions économique, environnementale et sociale de la PAC».<br /><br />On voit bien, par conséquent, la direction que regarde la Commission. Comme toujours dans les exercices de prospectives à trois scenarii, c'est le second qui l'emporte.<br />Est-il bien certain, pourtant, qu'une réorientation de la PAC vers des objectifs environnementaux soit nuisible à la production agricole (donc à l'autosuffisance européenne, le grand mythe de la PAC) et à l'emploi ? Pas si on songe qu'une agriculture plus extensive nécessiterait la création de plus d'emplois, et que l'agriculture intensive pratiquée jusqu'à aujourd'hui a appauvri les sols, avec des rendements qui se tassent.<br /><br />Cependant, même si l'on peut contester le choix de la deuxième voie, peu audacieux, celui-ci s'appuie sur une lisibilité de la PAC pour les citoyens européens, donc une restauration du lien entre les citoyens et leur agriculture.<br />Si l'on songe que la réforme de la PAC avait conduit Bruxelles à proposer une réflexion commune et collaborative à ses citoyens, et qu'elle conduit à proposer une politique plus respectueuse de l'environnement, on peut penser, malgré le jargon et les effets de style, que l'Union européenne n'est pas si bureaucratique, et que la Commission est l'un des exécutifs les plus politiquement novateurs en Europe...<br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-57405626664048537362010-10-06T05:28:00.000-07:002010-10-06T05:36:59.283-07:00Communiqué du Pôle écologique du PS<span style="font-family: times new roman;font-family:times new roman;font-size:100%;" >Suite aux propos de Bruno Le Maire lundi 4 octobre dans Ouest-France, le Pôle écologique du PS a établi le communiqué que voici : </span><br /><span style=";font-family:times new roman;font-size:130%;" ></span><blockquote><span style=";font-family:times new roman;font-size:130%;" >La vraie démarche pour défendre l'agriculture</span></blockquote> <!-- /#content-header --><span style="font-family:times new roman;">Les propos de Bruno Le Maire dans Ouest-France le 4 octobre témoignent d’une incompréhension totale des enjeux actuels de l’agriculture. A la différence de sa collègue Chantal Jouanno, M. Le Maire en est resté à une agriculture intensive qui a montré ses limites (pollutions, atteintes à la santé publique, baisse actuelle des rendements en raison de l’épuisement des sols…)...</span><br /><div class="content" style="font-family:times new roman;"><div><span style="font-size:100%;">Le Pôle écologique du PS tient à souligner qu’aujourd’hui, pour soutenir l’emploi dans le monde agricole, la solution n’est pas de soutenir les lobbies de l’agriculture intensive, mais au contraire de promouvoir les agricultures raisonnée et biologiques, dans une perspective de long terme. L’agriculture répond à des objectifs alimentaires, mais elle constitue un outil indispensable d’aménagement des territoires, de protection des sols, de l'air et de l'eau en garantissant la santé de tout le monde vivant. C’est donc une agriculture respectueuse des hommes qu’il faut promouvoir aujourd’hui, et non la recherche du profit pour quelques-uns au détriment de la santé de tous.</span></div> </div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-32866571361098503512010-10-06T01:20:00.000-07:002010-10-06T01:49:12.112-07:00Europe et réseaux énergétiques<div style="text-align: justify;"><span style="font-size:85%;">La Commission européenne <a href="http://www.euractiv.fr/bruxelles-finalise-plan-europeen-infrastructure-energetique-article?utm_source=EurActiv.fr&utm_campaign=b06e705ca2-quotidienne&utm_medium=email">finalise le prochain plan européen sur l'infrastructure énergétique</a>, en prenant en compte l'intégration des énergies renouvelables dans le réseau. Perspective "durable" et "écologique", donc...<br />Peut-être pas tant que ça.<br /><br />Outre les 50000kms de lignes de transport d’électricité qui devront être construites ou améliorées d'ici dix ans pour assurer la sécurité énergétique des Européens, Bruxelles envisage la construction d'un "super-réseau" de lignes à haute tension, pour les échanges entre Nord et Sud de l'Europe. Car, c'est bien connu, le vent est au Nord et le soleil au Sud. Alors au lieu de privilégier une source d'énergie renouvelable locale, avec des réseaux privilégiant les courtes distances, la Commission préfère envisager des réseaux longue-distance, dont <a href="http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/lignes-haute-tension-prudence-doit-primer.html">l'innocuité pour l'homme, la faune et la flore n'a pas pu être démontrée</a>.<br />Même si ces lignes n'avaient aucune incidence sur la santé des animaux et des hommes, leur simple coût devrait imposer une réflexion plus longue sur leur utilité. Penser le réseau énergétique de demain nécessite d'évaluer les avantages/inconvénients de tous les types de réseaux et de production énergétique. Mais une telle réflexion ne serait sans doute pas du goût des constructeurs auxquels l'Union E ouvre largement le marché des infrastructures électriques.<br />En effet, la Commission préconise de réduire rapidement les délais de délivrance des permis, en instaurant éventuellement un régime de «déclaration d'intérêt européen », qui permettrait une procédure d'autorisation simplifiée.<br /><br />Autre nouvelle réjouissante : ce plan des réseaux énergétiques prévoit également le transport de CO2 depuis les pays où il est produit massivement jusqu'aux lieux où il pourrait être stocké... comme les déchets radioactifs, finalement.<br />En dissociant lieu de production et lieu d'enfouissement, c'est une déresponsabilisation des producteurs que l'on instaure. A moins de faire payer très cher le trajet et l'enfouissement. L'Union E pourrait d'ailleurs en profiter pour instaurer une taxe sur ces transports de CO2, cela alimenterait un peu le budget européen...<br /><br />Plaisanterie mise à part, l'annonce de ce projet confirme l'absence de vision prospective de la Commission, qui se fonde sur des schémas de production actuels pour élaborer un réseau qui fonctionnera dans une dizaine d'années. Ce réseau pérennisera les erreurs que nous faisons aujourd'hui dans la production d'électricité : productrice de CO2, centralisée. L'argent qui y sera englouti aurait pu aider les pays les plus polluants dans leur production énergétique à passer à un autre modèle, décentralisé et fondé sur les énergies renouvelables.</span><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-57067706876132949672010-10-01T01:41:00.000-07:002010-10-01T01:45:00.695-07:00Toujours sur DesertecPublié sur Actu Environnement, la position de Maïté Jauréguy-Naudin, coordinatrice du programme Energie à l'Institut français des relations internationales (Ifri), qui pointe les dysfonctionnements de ce projet, avec un argumentaire proche de celui que j'avais développé dans un précédent billet.<br />C'est ici : "<a href="http://www.actu-environnement.com/ae/news/desertec-colonialisme-maite-jaureguy-naudin-ifri-11090.php4#xtor=EPR-1">La conception du projet Desertec me gêne</a>".Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-28290844406823421742010-09-10T01:58:00.000-07:002010-09-10T02:29:18.386-07:00Non-exercice de démocratie : services des ministères et gouvernement<div style="text-align: justify;"> Illustration récente de l'absence totale de pouvoir des services techniques des ministères dans la prise de décision de l'exécutif : le plan d'action national pour atteindre l'objectif de 23% d'énergies renouvelables en 2020.<br /> Ce plan a été présenté par la France à Bruxelles, puisqu'il vise à appliquer une directive de 2008 sur les énergies renouvelables. Il détaille, secteur après secteur, la façon dont la France compte aboutir aux objectifs européens. Aux objectifs européens, et pas au delà, bien sûr.<br /> Les choix du gouvernement, qui impacteront la politique environnementale française jusqu'en 2020 (donc, pour une fois, des choix sur le moyen terme), révèlent non seulement sa "faible conscience environnementale", comme l'ont souligné plusieurs ONG dans un <a href="http://www.rac-f.org/article.php3?id_article=1772">communiqué</a>, mais également le sable qui saupoudre les engrenages de la prise de décision politique.<br /><span style="font-weight: bold;"><br />1. Absence de prise en compte de la société civile</span><br /> Alors que depuis plusieurs années les études se multiplient qui démontrent les effets négatifs des agrocarburants, le gouvernement a choisi, pour ce qui concerne l'augmentation des EnR dans les transports, de se caler sur les 10% à l'horizon 2020 (surtout en pas aller plus loin que ce que demande l'Europe...) en utilisant des agrocarburants de première génération.<br /> Il a pourtant été montré que ceux-ci conduisent à détourner de leur usage des terres agricoles destinées à l'alimentation, au nord et au sud, avec pour conséquence la déstabilisation de certains prix agricoles, ainsi qu'à accroître la déforestation.<br /> Ces études n'ont manifestement pas ému le gouvernement.<br /><span style="font-weight: bold;"><br />2. Absence de prise en compte des services techniques</span><br /> Les services du Ministère de l'Environnement, du Développement durable et de la mer, avaient proposé de bloquer à 7% le pourcentage d'agrocarburants de première génération, afin de laisser de la place (même réduite...) aux agrocarburants de seconde voire de troisième génération qui se développeront d'ici 2020. Cette voie n'a pas été suivie par la commission interministérielle qui a décidé, in fine, du plan d'action.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">3. Le poids des intérêts industriels et agricoles ?</span><br /> Pour assurer les besoins en agrocarburants de première génération tels que prévus par le plan d'action national, c'est toute la production française de colza qui sera mobilisée. De quoi rassurer les producteurs actuels sur leurs débouchés. Les besoins alimentaires en huile de colza seront satisfaits par l'importation d'huile dont la production nécessitera, ailleurs, déforestation et détournement des terres d'agriculture vivrière.<br /> Quant aux agro-industriels qui tiennent cette filière, ils n'ont pas d'inquiétude pour les dix ans à venir.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">4. Conséquences économiques et sociales</span><br /> Outre les graves conséquences environnementales de cette décision, qui ne respecte ni les avis des experts, ni les propositions de ce qui sont payés pour en faire à partir des avis d'experts, on ne peut que déplorer les conséquences économiques de cette décision :<br /></div><ul style="text-align: justify;"><li>rien ici ne peut promouvoir la recherche dans le domaine des agrocarburants, puisque le plan ne nécessite pas de remplacer ceux de première génération. Le gouvernement continue de s'inscrire dans sa "politique du pire" scientifique, sous prétexte de contraintes budgétaires. La faiblesse de l'investissement dans la recherche conduit pourtant à <span style="font-weight: bold;">aggraver le retard de la France dans les systèmes de production liés aux énergies renouvelables</span>, comme l'a souligné un récent rapport de l'Inspection générale des Finances concernant le photovoltaïque.</li><li>sans recherche, pas d'entreprise innovante dans les agrocarburants de deuxième et troisième génération ; pas de création d'entreprise, pas de création d'emploi, pas de formation des travailleurs pour "changer de monde".</li></ul><div style="text-align: justify;"> Constat consternant, comme d'habitude, sur la politique environnementale d'un gouvernement qui n'a toujours pas compris qu'environnement, économie et société sont indéfectiblement liés.<br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-81150186958482629732010-09-09T07:00:00.000-07:002010-09-09T07:01:56.069-07:00Coût de l'énergie photovoltaïque et choix gouvernementaux<div style="text-align: justify;"> Le gouvernement a décidé de diminuer de moitié le crédit d’impôt accordé sur les installations photovoltaïques des particuliers. Ce dernier avait néanmoins permis un accroissement des investissements dans le photovoltaïque. </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal"> A l’origine de cette décision, un rapport récent de l’Inspection Générale des Finances, selon lequel le photovoltaïque représente un « risque financier majeur » :</p><div style="text-align: justify;"> </div><ul style="text-align: justify;"><li>coût élevé de la production (200 euros par MWh, contre 70 pour l’éolien terrestre et 60 pour l’hydroélectricité</li><li>niches fiscales <ul><li> crédit d’impôt développement durable : 350 Meuros en 2009</li><li>défiscalisation de 75% de l’impôt sur la fortune en cas d’investissement dans les PME dont l’activité porte sur des produits liés à un mécanisme d’obligation d’achat</li></ul></li><li>développement insuffisant de la filière en France pour la production d’équipement, qui conduit à aggraver le déficit de la balance commerciale de 800 millions d’euros en 2009 (soit 2% du déficit commercial)</li><li>coût du rachat par EDF payé par le consommateur, par le biais de la Contribution au service public de l’électricité.</li></ul><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;"> </p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal">Le rapport propose plusieurs pistes pour diminuer ces coûts</p><div style="text-align: justify;"> </div><ul style="text-align: justify;"><li>positionner les entreprises françaises sur le secteur, au vu de son potentiel en France et dans le monde, notamment en aidant à la mise en réseau des PME du secteur</li><li>prévoir un plan d’action global, avec des outils de régulation et une stratégie industrielle, en même temps qu’une baisse des tarifs</li><li>supprimer le bénéfice du crédit d’impôt et sortir la filière photovoltaïque du dispositif ISF-PME, en tenant compte des projets mise en place depuis 2009 pour pouvoir ajuster la baisse des tarifs</li><li>revoir les objectifs quantitatifs en fonction des objectifs globaux en matière d’énergies renouvelables à l’horizon 2020, en tenant compte des progrès techniques de ces prochaines années qui diminueront le coût de production</li><li>privilégier les appels d’offre pour la construction des centrales au sol, afin d’aboutir à une programmation pluriannuelle, adaptée aux besoins</li><li>promouvoir le secteur R&D dans le secteur photovoltaïque pour les filières de 2<sup>ème</sup> et 3<sup>ème</sup> générations.</li></ul><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal"> Ces propositions ne posent pas la question centrale (et première) sur l’insertion de la production photovoltaïque dans le réseau énergétique national : s’agit-il d’une production à visée locale ou nationale ? le particulier qui produit de l’électricité doit-il produire pour lui et vendre son surplus, ou pour constituer un maillon de production de la chaîne énergétique de façon à réduire la centralisation de cette production ?</p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal"><br /></p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal"> Elles constituent néanmoins une réponse globale aux problèmes de coûts posés par le photovoltaïque, en intégrant les aspects sociaux (coût élevé de cette énergie pour le consommateur à travers la CSPE) et économiques (absence de filière française, ce qui a également des conséquences en terme d’emplois).</p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal"> On ne peut donc que déplorer le choix fait par le gouvernement à la réception de ce rapport : au lieux d’annoncer une stratégie globale sur le photovoltaïque permettant à moyen terme un redressement de la balance commerciale dans le secteur, une augmentation des crédits recherches ou même une orientation d’OSEO vers une mise en réseau des PME du secteur (ce qui ne coûterait pas bien cher), la seule proposition retenue a été la baisse des tarifs et la remise en cause du crédit d’impôt développement durable.</p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal"> Du point de vue budgétaire, le rapport de l’IGF avançait pourtant deux pistes conjointes : l’annulation du crédit d’impôt ET la fin du dispositif ISF-PME pour la filière.</p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal"> Or le gouvernement a choisi de ne pas remettre en cause ce dispositif. Il est vrai que le rapport ne donne pas de chiffre sur le coût de ce dispositif. Mais celui qui est donné pour le crédit d’impôt implique une baisse des dépenses de l’Etat de… 175 millions d’euros. C’est déjà ça de gagné, mais ce n’est franchement pas grand-chose. Le dispositif ISF-PME, lui, permet un retour sur investissement de 35%. Mais, évidemment, le remettre en cause risquerait de froisser l’électorat potentiel de M. Sarkozy.</p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;" class="MsoNormal"> Tandis qu’afficher clairement la fin du crédit d’impôt développement durable, c’est tellement dans l’air du temps gouvernemental…</p>Unknownnoreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-32209160704834961952010-09-09T00:35:00.000-07:002010-09-09T00:54:19.864-07:00Desertec déserté<div style="text-align: justify;">Le projet <a class="liens" href="http://www.desertec.org/" onclick="window.open(this.href,'_blank');return false;">Desertec</a> vient de prendre son premier plomb dans l'aile : la défection de l'Algérie.<br /><br />Desertec est un projet à première vue louable de production photovoltaïque à grande échelle dans des pays où l'énergie solaire est particulièrement abondante : les pays sud de la Méditerranée.<br />Néanmoins, il ne fait que reproduire le schéma ancien de dissociation entre production et consommation, puisque, dirigé par des firmes européennes, il vise à produire de l'énergie au sud pour fournir le nord, à savoir les pays de l'Union européenne. Rien n'a été précisé jusqu'à présent sur les transferts de technologie aux pays d'accueil, sur leur droit à consommer l'énergie solaire produite sur leur sol etc. Se conjugue avec ce projet une inégalité dans l'attribution des ressources produites et un risque géopolitique semblable à ceux que crée la production pétrolière.<br /><br />Aujourd'hui, on apprend que l'Algérie aurait décidé de renoncer à participer au projet. "<em>La décision de l'Algérie a été un coup dur pour le reste des pays partenaires qui ont perçu cette décision comme une mauvaise nouvelle</em>» précise le quotidien émirati <span style="font-style: italic;">The National</span>.<br />Ils étaient pourtant prévenus : en 2010, le ministre de l'Energie et des Mines algérien, Youcef Yousfi, avait déclaré que l'Algérie comptait donner naissance à un projet plus important que Desertec, dont la nature n'a pas encore été précisée.<br /><br />Avec de la chance (et de la jugeote), l'Algérie aura décidé d'utiliser ses ressources solaires d'abord pour elle, en anticipant le <span style="font-style: italic;">peak oil </span>qui lui sera forcément préjudiciable, mais aussi en palliant les défauts de sa production d'hydrocarbures. En effet, l'Algérie produit l'un des pétroles les plus chers au monde ; avec une production de 1,7 millions de barils par jour, la durée de vie des réserves est estimée à trente ans. L'Algérie a fait le choix de ne pas intensifier sa production, afin de bénéficier de ce délai ; elle revend principalement son pétrole aux Etats-Unis, mais aussi aux pays asiatiques dont la demande augmente.<br />Une stratégie de production solaire pour les besoins locaux (et régionaux) et de production pétrolière à l'échelle mondiale lui permettrait par conséquent de tirer un plein profit de toutes ses ressources, à moyen terme. Pour savoir si tel a été le choix du pays, il convient néanmoins d'attendre les détails du nouveau projet algérien.<br /></div>Unknownnoreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-49979550218380189022009-06-20T14:11:00.000-07:002009-06-20T14:21:29.563-07:00Twitter, nouvelle agora ?Twitter par ci, twitter par là… J'ai décidé d'y aller il y a quelques semaines. Difficile au départ de trouver des tweets intéressants. Heureusement il y a la recherche par mots-clés ; les renvois à d'autres twitters ; les institutions qui twittent.<div>Et puis il y eu les événements de Téhéran, les journaux qui titrent sur twitter comme nouveau moyen d'information. Donc, cet après-midi, j'ai cherché des tweets sur la manifestation. ça pleuvait comme à Gravelotte. J'avais à peine fini d'en lire trois que le site m'annonçait qu'une dizaine était arrivée. Souvent répétitifs (puisqu'on cite les autres…). Puis informatifs.</div><div>Le problème du tweet, c'est qu'on ne sait pas qui l'envoie. Les bons, les méchants. Qu'est-ce qui tient de l'info, qu'est-ce qui tient de l'intox. Par exemple, l'acide répandu sur la foule ; j'ai lu ça vers 17h00, puis à 22h ça réapparaît comme étant une info Fox. Mais quand je cherche sur des sites d'info français, je ne trouve rien. Alors quoi, le réseau fonctionne mal ? Nos journalistes ne sont pas branchés ? Ou bien ils cherchent à recouper l'information et n'y parviennent pas ?</div><div>Car là est bien l'écueil de twitter : comment recouper des infos qui se citent en bouclent ? Comment faire le tri, comment évaluer l'origine de chaque tweet ?</div><div><br /></div><div>Certes, Twitter devient un formidable espace public. Ce serait comme une agora géante où la parole serait limitée à quelques secondes. Mais quelques secondes ne suffisent pas à formuler une pensée. Un haiku, peut-être. Cependant c'est un art difficile, inaccessible à beaucoup d'entre nous. Quant à être une agora informative, l'avalanche de tweets sur un événement précis empêche tout usage de la pensée, tellement on est obnubilé par la lecture, la remise à jour chaque minute.</div><div>Il faudra bien pourtant apprendre à s'en servir raisonnablement, dans l'urgence mais aussi hors de l'urgence.</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-51004601995775545702009-04-20T02:59:00.000-07:002009-04-20T03:25:06.539-07:00Le marché des pauvres<div><br /></div><div style="text-align: justify;">Ma grande découverte du week-end a été l'ouvrage d'Emmanuel Wallerstein, <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;"><a href="http://www.revue-interrogations.org/article.php?article=140">Comprendre le monde</a> </span>(La Découverte, 2004-2009). D'accord, d'accord, il est déjà tard pour le découvrir, mais mieux vaut tard que jamais.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Désireuse de dépoussiérer quelque peu les piles de revues et de journaux qui encombrent mon appartement, je feuillette rapidement Le Monde 2 du week-end. Et je tombe sur un article concernant les marchés sauvages de Paris : ces marchés où l'on vend des objets de récup tirés des poubelles, pour ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter pendant le premier round.</div><div style="text-align: justify;">L'article présente quelques parcours de ces vendeurs à la sauvette : perte d'emploi ; volonté d'échapper à la mendicité… Ces chiffonniers des temps modernes sont hors-la-loi, hors-la-société : ils occupent "illégalement" la chaussée ; ils provoquent des nuisances selon les riverains.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Pour l'instant, la mairie de Paris refuse les marchés de la misère. Sauf à créer un "marché solidaire", Porte-Montmartre. Contrôler les contre-façons. Eviter le recel. Normaliser. La création de ce marché entraînera une répression plus grande pour les autres, ceux qui n'auront pas eu l'autorisation d'y proposer leurs "prises".</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Leurs "prises", parlons-en. Elles exposent dans un raccourci tragique notre surconsommation : nourriture périmée ramassée dans les poubelles des supérettes ; consoles de jeux vidéos ou montres trouvés dans les poubelles de Neuilly.</div><div style="text-align: justify;">Pourquoi ne pas transformer ces marchés en oeuvres d'art ? Après tout, l'exposition <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;"><a href="http://www.mep-fr.org/expo_1.htm">Trash</a></span> montrait des poubelles de stars ; ces marchés exposent les poubelles des consommateurs de tous milieux, stars malgré eux. Ils constituent des témoins à charge contre une société de surconsommation qui oblige les uns à payer pour obtenir les poubelles des autres.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Quel est le rapport avec Immanuel Wallerstein ? Dans sa définition des sources de revenus, Wallerstein définit le "revenu de production marchande simple", qu'il présente comme un mode de revenu "très répandu dans les zones les plus pauvres de l'économie-monde", mais présent aussi, sous-une forme free-lance, dans les autres régions. Les vendeurs à la sauvette, free-lance de la consommation de masse. Un moyen d'échapper au prolétariat… Mais à quel prix, tant qu'aucune reconnaissance (politique, humaine) ne viendra apprécier leur statut de recycleurs et d'empêcheurs de gaspillage ?</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-53867150422732980592009-04-04T01:05:00.000-07:002009-04-04T01:24:27.850-07:00Culture et démocratie<div style="text-align: justify;"> Ce week-end, Le Monde publie son supplément montre camouflé : six ou sept pages de montres seulement. Et deux articles intéressant : une interview d'Elisabeth Badinter, intelligence gracieusement incarnée, et un texte de Cees Nooteboom. Je ne connaissait pas Cees Nooteboom, mais je vais sans doute m'y intéresser de plus près.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Un émerveillement pour le bol. Sur deux colonnes. Juste une partie du texte, mais quelle lumière dans cette partie ! Un bol, rien de plus bête. Et pourtant, le bol est culturel par essence, inspiré par on ne sait quel bout de nature (un coquillage, une main creusée). Le stade suivant est la cruche. Plus élaborée, elle est d'abord faite pour contenir autre chose que de l'eau : une production humaine. Elle est donc plus "culturelle" encore que le bol.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Non, Nooteboom ne fait pas un inventaire de tous les contenants inventés par l'homme. Il sort du musée archéologique où il nous avait entraînés pour nous conduire dans les musées, devant les toiles. Et s'interroge sur cette évolution : "si la majorité des contemporains ne se reconnaissent plus dans les images qui faisaient autrefois partie de notre patrimoine commun, si les scènes bibliques des tableaux de Rembrandt deviennent invisibles parce que presque plus personne ne sait ce qui y est représenté, nous sommes alors devenus nos propres Japonais." Nooteboom n'a rien contre les Japonais. Il prend leur exemple parce qu'un Japonais, extérieur à la culture occidentale, ne peut pas plus comprendre ce que représente un Christ en croix qu'il ne peut appréhender la <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">Ronde de nuit</span> de Rembrandt (purement historique), ou sa gravure représentant la <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">Chute de l'homme</span>. Et Nooteboom constate que, en Occident-même, de plus en plus rares sont ceux qui savent lire ces tableaux, qui connaissent l'épisode auquel il est fait allusion.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Cet article arrive à point nommé dans la polémique concernant la culture générale comme facteur discriminant dans les concours, qui doit donc être supprimée. Culture élitiste, dira-t-on. Mais Nooteboom rappelle avec raison qu'au Moyen-Âge, le moindre paysan savait lire les chapiteaux d'églises. Non parce qu'il était cultivé. Mais parce qu'il connaissait l'histoire qui se cachait derrière. Parce que ces histoires se racontaient à la veillée, en famille, ou entre familles. Parce qu'elles étaient rappelées le dimanche lors de ce rassemblement que l'on nommait la messe (il paraît qu'il y en a encore de nos jours…). Parce qu'elles constituaient un fond commun dans lequel n'importe quel individu baignait constamment.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Aujourd'hui, l'ouverture sur le monde permet de connaître d'autres cultures. Aussi superficiellement que l'on connaît la sienne. Le Japonais enfin instruit de la chute d'Adam après avoir rencontré un bon guide de musée connaît-il pour autant l'histoire de la déesse japonaise Kannon qui, en Inde, a été un homme ?</div><div style="text-align: justify;"> A qui s'adressent à présent les histoires de notre passé ? Faut-il les artificialiser pour les apprendre, comme une leçon fastidieuse, à des écoliers qui n'en voient pas l'utilité ? Et la grande majorité de l'art occidental (mais aussi de la littérature) doit-elle devenir un nuage opaque, sauf aux yeux de quelques élus ?</div><div style="text-align: justify;"> Le partage de la culture, celui des mythes fondateurs, par tous les supports possibles n'est-il pas plus enrichissant que l'abolition pure et simple d'épreuves permettant à chacun de mobiliser ce qu'il sait du monde qui l'entoure ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Supprimer les épreuves de "culture générale" dans les concours (ou les questions de culture générale lors des entretiens d'embauche) peut passer pour une démocratisation. Mais c'est surtout une preuve de l'échec de notre monde (et pas seulement occidental) à transmettre ses propres fondements.</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-89547423559719605072009-03-20T14:38:00.000-07:002009-03-20T14:47:44.530-07:00Du climat comme créateur d'identité<div style="text-align: justify;"> Gilles Berhault est l’auteur d’un ouvrage intitulé Développement Durable 2.0, qui présente les nouvelles technologies de l’information et de la communication comme des alliées indispensables du développement durable grâce aux nouvelles manières de travailler qu’elles permettent et aux nouveaux comportements qu’elles induisent.<br /></div><div style="text-align: justify;"> Ses positions sont très clairement expliquées dans un <a href="http://www.cleantechrepublic.com/2009/02/05/la-dimension-collaborative-de-l%E2%80%99internet-20-au-secours-de-la-planete/">post du site Cleantech Republic.</a> Ses analyses sont plus que pertinentes : économie fondée sur les relations interpersonnelles, nouveaux modèles de production fondés sur la collaboration (les logiciels libres en sont la meilleure illustration). Les questions qu’il pose sont justes et indispensables : sommes-nous prêts ? fournissons-nous aux adultes de demain la formation adéquate ? comment envisageons-nous le recyclage des déchets liés à ces nouvelles technologies ? quelle gouvernance adopter pour gérer un monde en interconnexion immatérielle ?<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Néanmoins, il est un point de l’exposé de Gilles Berhault qui me pose problème :<br /></div><div><blockquote style="text-align: justify;">« Pour la première fois, l’ensemble de l’humanité a un ennemi commun, le climat, et une capacité : agir ensemble à l’échelle de la planète ».</blockquote><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Le climat serait notre ennemi ? Depuis quand le climat est-il un sujet à part entière, une entité mauvaise qui permettrait de ressouder la communauté humaine ?<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> La désignation d’un ennemi commun est d’usage politique : face à un groupe qui tend à se désunir, susciter un adversaire permet de redonner une cohésion, parce qu’il crée une identité commune contre l’autre. Les empires, les nations ont toujours utilisé ce procédé, moteur des relations internationales. En 1906, William James proposait, pour mobiliser tous les citoyens dans la défense de la patrie, de faire la guerre contre la nature, en l’absence d’ennemi identifiable. Aujourd’hui, l’ennemi serait le climat, qui permettrait aux hommes de se mobiliser ensemble ?<br /></div><div style="text-align: justify;"> N’est-ce pas se tromper de coupable ? Si le climat se modifie, est-ce de sa propre « volonté » ? L’ennemi à combattre est bien plutôt le comportement des hommes. S’il y a bien une mobilisation à décréter, elle ne doit pas se faire contre le climat mais contre les causes de ses modifications. Il ne s'agit pas de mener une guerre contre un ennemi invisible, mais bien de modérer nos propres excès. <br /></div></div><div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Il y a quelques semaines, Henri Sztulman publiait dans le monde une analyse intitulée « dépression financière et malaise psychique » (en archive au <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">Monde</span>). Il y décrivait l’homme post-moderne comme « anonyme, interchangeable et solitaire », par manque d’identifications, sans lesquelles « il ne peut y avoir de construction durable de l’identité ».<br /></div><blockquote style="text-align: justify;">« Si je ne peux me bâtir au sein d’une réalité qui tout à la fois se dérobe et m’échappe, je ne suis pas en mesure d’en saisir le principe et de me l’approprier ; il ne me reste que le plaisir, la jouissance illusoire, dangereuse, mortelle, du « tout, tout de suite », si bien exploitée par les techniques marchandes et la virtualisation des transactions ».</blockquote><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Cette analyse, dont l’angle est si différent de celle de Gilles Berhault (la virtualisation dénoncée par H. Sztulman ne renvoie-t-elle pas également aux relations humaines établies par les TIC ?), présuppose un même point de départ : la difficulté de se construire une identité. Pour l’un, cette difficulté induit des comportements régressifs ; pour l’autre, la nécessité d’entrer en lutte contre un ennemi aussi « immatériel » que les moyens de la lutte.<br /></div><div style="text-align: justify;"> Plutôt que de faire la guerre au climat, ne serait-il pas plus sage d’en revenir aux « fondamentaux » qu’énumère H. Sztulman : « l’homme, ses origines, son destin, sa finitude, la dérisoire précarité de sa traversée en même temps que la certitude de son sens » ? Car la finitude humaine est un reflet de la finitude du monde dans lequel l'homme vit. En prendre conscience est déjà un acte créateur d'identité, qui ne conduit pas à lutter contre les conséquences des actions humaines, mais contre ces actions elles-mêmes.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-22475268200556509302009-02-25T12:32:00.000-08:002009-02-25T12:45:46.392-08:00La riposte graduée et l'agora<div style="text-align: justify;">La loi Création et internet qui sera bientôt discutée à l'Assemblée Nationale après avoir été adoptée en première lecture par le Sénat n'a d'équivalent qu'en Nouvelle-Zélande. Parmi nos partenaires européens, seule l'Autriche a été intéressée, mais les autres pays ont rejeté un projet qui priverait des ménages d'accès à internet sans procès. Quant à la CNIL, elle a rendu sur ce texte un avis défavorable en novembre dernier.<br /></div><div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div><div style="text-align: justify;">Peut-on encore appeler démocratie un pays qui dresse une liste de sites autorisés pour les accès publics au réseau internet ?<br /></div><div style="text-align: justify;">Peut-on encore appeler démocratie un pays qui prive ses citoyens</div><div style="text-align: justify;">- de l'accès à ses administrations</div><div style="text-align: justify;">- de l'accès à des portails d'étude</div><div style="text-align: justify;">- de l'accès à un lieu d'échange et de débat politique</div><div style="text-align: justify;">- de l'accès à un lieu de construction des savoirs et des techniques</div><div style="text-align: justify;">sans qu'une juridiction ne déclare l'accusé coupable, et tout en le condamnant à une peine financière puisque, bien que ne pouvant plus se connecter à internet, il continuera à payer son abonnement ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">En conséquence, la Quadrature du Net a décidé de procéder à un black-out du net, à l'image des Néo-zélandais qui ont ainsi obtenu que la loi ne soit pas votée.</div><div style="text-align: justify;">D'où les bandeaux qui ornent désormais ce blog.</div></div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-28081367155747356702009-02-22T07:05:00.001-08:002009-02-22T08:05:08.565-08:00Immigration et performance intégrative<div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Le budget du ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire consacré à l'intégration est passé de 195 millions d'euros en 2008 à 78 millions d'euros dans la loi de finances 2009. C'est dire l'importance que Brice Hortefeux accordait à cet aspect de sa charge. Se consacrant aux procédures de reconduite à la frontière, l'ancien ministre a surtout cherché à atteindre les objectifs de performance attribués à sa ligne budgétaire : faire du chiffre.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Aujourd'hui, la politique d'intégration semble se résumer à l'attribution du Contrat d'Accueil et d'intégration, qui valide l'acquisition de la langue française et des valeurs de la République. Des valeurs quantifiables par des séries de tests, mais qui ne permettent pas d'évaluer l'intégration des populations immigrées une fois le CAI obtenu. Une politique qui s'intéresse aux nouveaux migrants uniquement et ne s'occupe plus de ceux qui sont déjà là mais connaissent des difficultés pour accomplir toutes leurs démarches.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> De multiples transformations ont été proposées dans la loi de finances 2009 : </div><div style="text-align: justify;">- l'action "Intégration et lutte contre les discriminations" est devenue "Intégration et accès à la nationalité française" </div><div style="text-align: justify;">- l'Agence nationale de l'accueil des étrangers et des migrations, créée en 2005, voit son budget passer de 44 à 15 millions d'euros, et l'Agence pour la cohésion sociale et l'égalité des chances a vu ses attributions redirigées vers la politique de la Ville. L'ANAEM devrait néanmoins bénéficier de taxes et redevances spécifiques.</div><div style="text-align: justify;">- l'acquisition de compétences linguistiques sera désormais du domaine de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), qui devrait voir le jour dans le premier semestre 2009. </div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Le <a href="http://www.senat.fr/rap/a08-104-11/a08-104-1111.html">rapport du Sénat sur la loi de finances 2009</a> concernant ce budget souligne les difficultés à venir :</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><blockquote style="text-align: justify;">L'augmentation de la demande d'asile combinée à une stabilisation, voire un allongement des délais d'examen des demandes entraîne mécaniquement un alourdissement du coût global de la prise en charge des demandeurs d'asile.<br /></blockquote><blockquote><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">L'exécution budgétaire sur 2008 montre d'ores et déjà que les dotations relatives à l'hébergement d'urgence et à l'allocation temporaire d'attente sont insuffisantes, le décret d'avance n° 2008-1089 du 24 octobre 2008 ayant ouvert 36 millions d'euros de crédits supplémentaires. Or, les crédits prévisionnels pour 2009 sont de 60 millions d'euros, soit 2,5 millions d'euros de moins qu'en loi de finances initiale pour 2008.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Si la hausse des demandes d'asile se poursuivait, les crédits pour 2009 seraient sous dotés dans des proportions encore plus importantes.<br /></div></blockquote><div style="text-align: justify;">La loi de finances pour 2009 a déjà prévu que les demandeurs d'asile qui feraient une demande de réexamen après un rejet de leur première demande seraient exclus du bénéfice de l'allocation temporaire d'attente.<br /></div><div style="text-align: justify;">Sur quoi le gouvernement compte-t-il faire des économies la prochaine fois ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">La politique d'immigration est conçue dans le droit fil de la réforme des politiques publiques, fondée sur la performance. Or la performance se déduit d'indicateurs chiffrés : diminution des délais de traitement des affaires ; nombre de reconduites à la frontière ; nombre de certificats attribués… Elaborer des indicateurs permettant d'estimer l'intégration n'est pas impossible : nombre de familles aidées pour telle ou telle procédure et estimation du bénéfice que ces familles en ont retiré (délai des procédures à comparer avec les délais de familles non aidées…) ; nombre d'enfants scolarisés ayant bénéficié d'un soutien et conséquences sur leurs résultats scolaires ; nombre d'opérations interculturelles réalisées… Mais ces indicateurs sont plus difficiles à construire, parce qu'ils prennent en compte des facteurs humains et pas seulement statistiques.</div><div style="text-align: justify;">C'est toute la différence entre évaluer une performance et évaluer la qualité d'un service. La première est souvent fonction de la rapidité du service, et décider des critères d'évaluation prend peu de temps. La qualité est plus difficile à appréhender, elle nécessite du temps dans son effectivité et dans la création des critères permettant de l'évaluer.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Du temps, c'est ce que les politiques actuelles ne nous donnent plus. Le culte de la performance efface la notion qualitative, malgré tous les discours qui enrobent la révision générale des politiques publiques. Au détriment de l'intégration de milliers d'individus, qui ne peuvent trouver une place dans la société française par le seul apprentissage de la langue.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-89753716300404813792009-02-03T03:38:00.000-08:002009-02-03T04:02:48.275-08:00Socio-éco2<div style="text-align: justify;">Un nouveau Repère des éditions La Découverte vient de sortir, sur <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">L'empreinte écologique</span> (A. Boutaud et N. Gondran). H. Kempf en fait la critique dans <a href="http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/01/31/depasser-la-dictature-du-pib_1149088_0.html">Le Monde</a>.<br /></div><div style="text-align: justify;">Quoi que l'on pense de l'empreinte écologique (argument valable, constat horrifiant ou moyen de pression totalitaro-écologique), la parution de l'ouvrage ne peut pas laisser indifférent au moment où plusieurs plans de relance économique fondent une partie de leurs actions sur la croissance verte.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Croissance et empreinte écologique vont-elles de pair ? Si nous voulons réduire une empreinte écologique devenue trop lourde par rapport aux capacités naturelles, pouvons-nous continuer à entretenir notre désir de croissance ? La croissance verte n'est-elle pas un argument de vente, plus "propre" que ce que nous avons connu jusqu'à présent, mais tout aussi destructeur pour notre environnement ?</div><div style="text-align: justify;">Exemples : les cellules photovoltaïques contiennent des gaz bien plus dangereux que le CO2 ; la voiture électrique va nécessiter une production accrue d'électricité, n'implique-t-elle pas automatiquement, pour que cette électricité soit propre (sans émission de CO2) et en quantité suffisante, une augmentation du nombre de centrales nucléaires ? La dématérialisation qui économise du papier par l'usage accru des supports numériques multiplie également les dépenses énergétiques, la construction d'ordinateurs intégrant des composantes nocives pour l'environnement. Etc, etc.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Comme le rappellent les auteurs de l'ouvrage, la prise en compte de l'environnement a pour conséquence de penser les indicateurs différemment. Le PIB fonctionne très bien dans une perspective productiviste. Pas dans la perspective d'une protection des écosystèmes. Il faut donc intégrer d'autres données au calcul de développement. L'empreinte écologique pourrait constituer non pas un indicateur, mais un outil intégrable à un nouvel indicateur. Sur lequel bien des économistes travaillent actuellement.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Mais tout cela me pose des problèmes philologiques : que veut-on signifier par "croissance" et par "développement" ? On "croît" vers quoi ? On se développe pour atteindre quoi ?</div><div style="text-align: justify;">La croissance est nécessaire pour "soutenir l'emploi" et assurer les redistributions sociales de l'État. Ouh là, le problème se complique. L'État ne serait qu'un redistributeur social s'appuyant sur l'activité économique générée par d'autres que lui pour permettre à tous de bénéficier du "développement". L'État comme garant des droits sociaux, quoi. Evolution constatée par Habermas, par exemple. Et le citoyen dans tout ça ? Ses droits se limitent-ils aux "droits fondamentaux de deuxième génération", c'est-à-dire aux droits socio-économiques (oublions les droits civiques et politiques, ils paraissent tellement dépassés chez nous) ? Mais non, il y a des droits fondamentaux de troisième génération : le droit au bien-être (mais oui, vous savez bien, l'écran plasma, l'IPod, les jeux en ligne, la machine à laver qui fait sèche-linge et bientôt four micro-onde, les écrans publicitaires qui vous envoient des sms pour acheter le dernier album du chanteur dont vous avez quatre tubes dans votre téléphone portable, le bien-être, quoi), à un environnement sain…</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Mais tout cela est-il bien conciliable ? Ne faut-il pas se demander</div><div style="text-align: justify;">- comment faire accéder les populations des pays émergents, mais aussi l'ensemble des populations des pays développés, à un bien-être qui ne soit pas forcément consumériste ?</div><div style="text-align: justify;">- comment concilier l'accès au bien-être et la protection environnementale ?</div><div style="text-align: justify;">- quelles technologies développer pour y accéder ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Bref, revoir nos principes économiques dans une perspective socio-écolo-économique. Socio-éco2, quoi !</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-87375151528291274462009-02-01T06:59:00.000-08:002009-02-01T07:29:17.771-08:00Lecture, culture et citoyenneté<div style="text-align: justify;"> Dans <a href="http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/01/30/daniele-sallenave-les-jeunes-ne-lisent-pas-les-adultes-non-plus_1148603_0.html">le Monde daté du 31 janvier,</a> la romancière Danièle Sallenave témoigne de son expérience dans un collège de Toulon : elle est allée à la rencontre d'élèves de quartiers défavorisés, pour leur parler de littérature.<br /></div><div style="text-align: justify;"> Le constat qu'elle tire de cette expérience est démoralisant : si les enfants ne lisent plus, c'est qu'il est devenu politiquement incorrect de lire. Ou plutôt, c'est que le discours politique fait de la lecture une activité soit inutile, soit dangereuse. Pour la droite, les livres sont suspects, d'où un discours dénigrant la littérature (c'est le fameux épisode de <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">La princesse de Clèves</span> inutile pour un postier). Dans cette optique, la littérature n'est pas rentable, elle ne permet pas d'améliorer les performances (ni du postier, ni du haut fonctionnaire, sans doute). Pour la gauche, la littérature est l'apanage des héritiers, au sens bourdieusien : seules les élites auraient accès à la littérature, moyen de distinction par rapport aux classes populaires.</div><div style="text-align: justify;"> On voit rapidement les limites de ces deux raisonnements : selon le premier, le sens critique et le recul que donnent la littérature ne font pas partie du culte de la concurrence et de l'efficacité pratique, parce que, justement, ils impliquent de prendre du temps et de remettre en cause les actions quotidiennes. Le second raisonnement tombe dans un cercle vicieux : puisque la grande littérature est réservée aux élites, elle serait fermée d'office aux autres ; mais si personne ne l'offre à ceux qui n'appartiennent pas à l'élite, comment casser le schéma de reproduction sociale ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Selon D. Sallenave, la vraie question est "comment transmettre le meilleur au plus grand nombre" ? Surtout dans une société qui n'accorde plus de valeur à la langue, au passé, à la transmission. Et qui supprime ainsi la chance de découvrir un autre monde que le sien en tournant quelques pages. Des pages qui ne sont "réservées" à personne, mais qui sont tellement différentes de ce que nous offrent les messages publicitaires et la propension à consommer. Ne plus accorder de valeur à la transmission (que l'on songe au dénigrement dont font l'objet les enseignants, à la réforme prévue de leur formation qui affaiblira encore leur niveau de connaissance et de formation initiale), c'est également réduire la solidarité nationale, le lien entre les générations et entre les groupes sociaux.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> "Gagner beaucoup d'argent, dominer l'autre, lui marcher sur le ventre pour arriver, s'abrutir de football et de jeux télévisés, cela ne peut pas être le but d'une vie, et lui donner son sens". Restaurer le sens de la lecture, c'est également restaurer la solidarité.</div><div style="text-align: justify;">Parce qu'en suscitant l'envie de lire chez des enfants non seulement issus des milieux populaires, mais également de tous les milieux, on leur offre d'autres modèles que ceux qu'ils ont habituellement sous les yeux. Parce que la lecture peut également être orale, partagée, et qu'elle crée des instants de communion profonde. Parce qu'un livre, deux livres, dix livres, sont autant de visions du monde différentes, qui ouvrent l'esprit aux autres, et permettent également de faire croître son esprit critique.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Il fut un temps où la censure s'exerçait durement sur les livres, où l'on brûlait ceux qui étaient considérés comme trop libres, parce qu'ils remettaient en question la domination "naturelle" des élites. Aujourd'hui, on brûle encore des livres, mais pas en Occident. En Occident, on préfère dire qu'ils n'ont pas d'intérêt. Une nouvelle forme d'autodafé qui fort heureusement n'empêche pas les gens de lire. Mais qui n'incite pas à lire ceux qui n'ont pas l'habitude du geste.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">En ces temps de "désobéissance civile", offrir un livre à quelqu'un qui n'en a pas l'habitude est en passe de devenir un acte contestataire. Il n'est pas bien difficile à faire. Et il pourrait bien être un moyen de revitaliser la démocratie contre l'oligarchie marchande.</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-58016488743878001122008-12-13T01:38:00.000-08:002008-12-13T02:08:58.335-08:00Une nouvelle dimension de la citoyenneté : Europe et environnement<div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Dans quelques mois, le citoyen européen pourra plus encore qu'aujourd'hui jouer un rôle à l'échelle multinationale :<br /></div><div style="text-align: justify;">- en votant pour un Parlement dont les pouvoirs s'accroissent : depuis la motion de censure jusqu'à la co-décision, en passant par le droit de pétition et d'enquête, le droit d'amendement sur les dépenses non-obligatoires, la concertation ou la coopération, le Parlement européen détient aujourd'hui une puissance d'action que les citoyens européens ne devraient pas négliger.</div><div style="text-align: justify;">- en profitant des avancées du traité de Lisbonne, qui permettra aux parlements nationaux d'engager un contrôle juridictionnel sur les actions de l'Union et qui prévoit un droit d'initiative populaire.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Aussi il serait bon de s'intéresser dès aujourd'hui aux orientations prévues de la politique européenne, car la mise en oeuvre de ces prévisions se fera au moment où, justement, les citoyens européens auront davantage de marge d'action dans l'Union.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Parmi ces orientations, celles prévues par le rapport consacré à la mise en oeuvre de la stratégie européenne de sécurité ne manquent pas d'intérêt. Le rapport prévoit une "redéfinition de l'ordre multilatéral". Un choix diplomatique issu de la fin du monde bipolaire, effacé en même temps que la guerre froide, et qui ne s'accommode pas de l'idée de civilisation universelle. L'ordre multilatéral implique, au moins en partie, de respecter la diversité humaine et culturelle. En ces temps de centenaire de Claude Levi-Strauss, cela semble logique… Néanmoins, dans cet ordre multipolaire, l'action de l'Union doit se rapprocher, d'après le rapport, de l'action des États-Unis : l'Occident contre tous les autres ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Le changement de présidence et les orientations proposées par B. Obama vont (fort heureusement, pourrait-on dire) dans le sens des autres orientations proposées par le rapport : la sécurité énergétique et la cybersécurité. Alors non, dans les projets d'Obama on ne trouve pas ces termes, ce qui est logique puisque son discours n'est pas sécuritaire. Les thématiques, en revanche, sont les mêmes : utilisation des nouvelles technologies de l'information et préoccupations énergétiques.</div><div style="text-align: justify;">Malheureusement, à la différence de la nouvelle vision américaine qui prône la recherche d'une meilleure efficacité énergétique, le rapport sur la PESC évoque la sécurisation des voies de transit des matières premières par la Turquie et l'Ukraine et l'amélioration des relations avec la Russie. Alors qu'il appartiendrait tout autant à une politique de sécurité de diminuer les flux transitant par ces pays. Ce choix reflète la position adoptée hier, concernant le plan climat : quelques avancées, certes, mais tellement faibles…</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Dans le même temps, le Programme des Nations unies pour l'environnement veut profiter de la crise pour aller vers une économie verte. Une option qui n'a pas été retenue par l'Union. Vient-on de rater le train ? Pour le citoyen européen qui voudrait influer sur ces orientations, il n'est peut-être pas trop tard : par son vote, puis (après la ratification irlandaise…) par son droit d'initiative, il pourrait peut-être pousser l'Union à être plus réaliste et moins crispée sur une vision du monde en train de se périmer.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Mais pour cela, les citoyens européens ne doivent pas rester isolés : ce qu'il faut mettre en place, c'est une véritable agora européenne. Pas un lieu de consultation pays par pays, comme c'est le cas actuellement sur le site de consultation européenne <a href="http://www.consultations-europeennes-des-citoyens.eu/fr/">European citizens consultation</a>, qui ne permet pas, avec un même identifiant, d'aller sur les forums des différents pays.</div><div style="text-align: justify;">Les citoyens européens, peut-être par l'intermédiaire des partis européens, mais aussi indépendamment de ceux-ci, doivent créer une véritable "République" européenne, au sens latin du terme, la <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">res publica</span>, la chose publique. La construire et se l'approprier. La démocratie participative, parce qu'elle permet l'échange et la connaissance de l'autre, pourrait bien constituer la meilleure voie pour y parvenir.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-25560328524053616352008-11-22T13:26:00.000-08:002008-11-22T14:02:05.018-08:00De ce que le législateur devrait avoir en tête lorsqu'il fait les lois<div style="text-align: justify;">Dans sa <a href="http://abonnes.lemonde.fr/opinions/article/2008/11/18/le-prix-du-dimanche-par-philippe-askenazy_1120070_3232.html">Carte Blanche</a> au Monde du mercredi 19 novembre, Ph. Askenazy soulevait deux arguments peu entendus dans les débats concernant l'ouverture des commerces le dimanche : le coût écologique et le surcoût à l'achat.<br /></div><div style="text-align: justify;">Coût écologique de l'ouverture dominicale : les grandes surfaces et les zones commerciales couvertes qui ouvriraient le dimanche ont des consommations énergétiques énormes, entre l'éclairage, la climatisation ou le chauffage de vastes espaces constamment ouverts, la réfrigération mise à mal par l'ouverture et la fermeture des banques… Ouvrir un jour de plus dans la semaine serait augmenter ces consommations, sans compter les pollutions induites par les déplacements des clients, mais aussi des employés. Ouvrir le dimanche, c'est accroître l'empreinte écologique de la société, tout en réduisant son rapport à la nature puisque le temps pris pour aller faire les courses en famille n'est pas passé dans des activités de plein-air. Mais rien ne dit que les familles qui iront faire leurs courses avaient auparavant des activités de plein-air.</div><div style="text-align: justify;">Deuxième coût, l'augmentation des prix à la consommation. Aux États-Unis, les prix se sont élevés de 4% consécutivement à l'ouverture dominicale. Mais peut-être est-ce considéré comme un remède à la déflation qui guette…</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">En tout cas, ces deux arguments n'ont pas été beaucoup entendus dans les débats concernant l'ouverture des commerces le dimanche. Le seul bien-être évoqué était celui du consommateur qui pourrait enfin optimiser ses choix de consommations en allant au supermarché le dimanche, avec moins de stress. Que cela augmente ses dépenses en essence ne semble pas rentrer en compte. On pourrait dire que, de toute façon, il fallait bien qu'il se rende au supermarché une fois au moins dans la semaine, alors, le dimanche ou un autre jour… Et bien non, il pourrait tout aussi bien faire les courses dans un commerce de proximité (qui, lui, n'aura pas les moyens financiers pour ouvrir tout le dimanche), ce qui permettrait au consommateur de moins dépenser en essence et de maintenir une activité commerciale près de chez lui. Le consommateur considère qu'il est moins cher d'acheter dans une grande surface plutôt que chez un petit épicier, surtout quand il a deux jours pour cela et qu'il peut aller d'un magasin à l'autre pour comparer les prix. Mais il ne prend pas en compte les coûts d'essence.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">En fait, l'une des questions essentielles (c'est le cas de le dire) de cette proposition concerne l'organisation urbaine et l'organisation de l'emploi du temps de chacun : est-il préférable de rester plus tard au travail en se disant qu'on ira faire les courses le dimanche (ou après 21h, puisque déjà la plupart des grandes et moyennes surfaces sont ouvertes jusqu'à 22h), ou va-t-on privilégier une organisation sportive de la journée de semaine (rentrer, faire les courses, récupérer les enfants), sachant qu'on pourra se reposer le dimanche ? est-il préférable de multiplier les commerces de proximité, quitte à ce que leurs horaires soient plus flexibles (et non pas plus larges), ce qui permettrait également de maintenir des emplois de proximité pour les employés travaillant dans ce secteur, ou bien faut-il organiser une répartition fonctionnelle de l'espace urbain en renforçant la tendance actuelle de périurbanisation d'activités commerciales, accessibles quasi-uniquement par des transports individuels.</div><div style="text-align: justify;">Deux choix de vie dont il a peu été question.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Dans le même ordre d'idée, les débats (très courts) sur la prolongation de l'activité professionnelle jusqu'à 70 ans n'ont pas posé le problème de la capacité de l'être humain à travailler jusqu'à 70 ans. Une <a href="http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(08)61594-9/fulltext">étude</a> récente de l'Inserm montre que l'espérance de vie "en bonne santé" est beaucoup plus courte que l'espérance de vie tout court. En Europe, alors que l'espérance de vie masculine est de 78,6 ans pour les hommes et 83,5 pour les femmes, l'espérance de vie en bonne santé tombe à 67,3 ans pour les hommes et 68,1 pour les femmes. En France, les chiffres correspondant sont respectivement 68 ans et 69 ans et 8 mois. Autant dire que seules les femmes, en France, peuvent espérer atteindre la retraite en bon état si l'âge d'arrêt du travail est porté à 70 ans. Dans tous les cas, il faudra compter avec des salariés bien en-deça de leurs capacités maximales de production. Le recul de l'âge de la retraite est un objectif dans toute l'Europe, tout comme le recul du chômage de seniors. Pour reculer l'âge de la retraite, en réalité, il faudrait permettre à tous les seniors d'arriver à 70 ans en bonne santé (sinon, où serait l'intérêt de l'employeurs ?). Mais surtout, il faut leur promettre de repousser plus loin cette limite, afin qu'ils puissent profiter de leur retraite et par conséquent accepter de la prendre tardivement (sinon, où serait l'intérêt de l'employé ?).</div><div style="text-align: justify;">Mais l'amendement proposé par le parlement français, curieusement, n'évoquait pas cet aspect des choses…</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-57097873931635023342008-11-19T07:16:00.000-08:002008-11-19T07:33:15.499-08:00Un mois plus tard… un nouveau catastrophiste<div style="text-align: justify;">Ce qui est réjouissant avec la thématique écologique, c'est le nombre de catastrophes que l'on peut affronter en quelques jours.<br /></div><div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Ainsi, les pages <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">Planète</span> du <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">Monde</span> font alterner récits enthousiasmants (des architectes qui améliorent des bidons-villes par des constructions "durables" ; l'oenologie d'Afrique du Sud qui se met au vert…) et descriptions apocalyptiques.</div><div style="text-align: justify;">L'interview de Claude Lorius, glaciologue, parue le 12 novembre, appartient à la deuxième catégorie. Attention, Claude Lorius est un optimiste : il y aura "des catastrophes, des cataclysmes, des guerres. Les inondations, les sécheresses, les famines s'amplifieront" MAIS "l'homme sera toujours là". Et oui, bienvenue dans le monde moderne : tout va mal, mais vous n'avez aucune chance d'en sortir !</div><div style="text-align: justify;">Claude Lorius accepte l'idée d'anthropocène, associée par Paul Crutzen à l'augmentation des concentrations en CO2. Il l'applique à l'ensemble de la planète (occupation des sols, utilisation des ressources, gestion des déchets). Mais, à la différence de certains écologistes "profonds", il ne met pas en cause la pression démographique ; l'important selon lui est la pression énergétique (un chiffre en passant : au XXème siècle, alors que la population était multipliée par quatre, "la consommation d'énergie dont dépendent les émissions de gaz carbonique était multipliée par 40"). Une des solutions serait d'aboutir à une gouvernance internationale. Mais rien ne semble s'engager en ce sens, parce que les hommes politiques vivent dans le temps court, et que les solutions doivent être pensées par rapport au temps long.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">D'où une fin de discussion très pessimiste : "Le développement durable est une notion à laquelle je ne crois plus. On ne peut pas maîtriser le développement. Et pour être durable, il faudrait être à l'état d'équilibre, or cet équilibre n'existe pas. Avant, j'étais alarmé, mais j'étais optimiste, actif, positiviste. Je pensais que les économistes, les politiques, les citoyens pouvaient changer les choses. J'étais confiant dans notre capacité à trouver une solution. Aujourd'hui, je ne le suis plus… sauf à espérer un sursaut inattendu de l'homme".</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">La question est donc : comment aboutir à ce sursaut ? Faut-il attendre une catastrophe épouvantable ? Ou bien, même dans la catastrophe, les hommes vont-ils se tourner vers des solutions traditionnelles ?</div><div style="text-align: justify;">Après l'affolement général dû à la crise financière, les gouvernants ne sont-ils pas en train de revenir à une position ancienne ? C'est l'attitude de G. Bush : inutile de s'agiter, de toute façon, le libéralisme a toujours trouvé un point d'équilibre. Ces propos qui se veulent rassurants (pour qui ?) rapprochent le laisser-faire économique du comportement de Ponce Pilate. Mais doit-on leur préférer un interventionnisme qui pourrait se traduire par le don de 25 milliards d'euros à des firmes automobiles qui n'ont pas voulu s'adapter au changement énergétique ? La défense des habitudes ancrées dans la consommation n'est pas le sursaut attendu. Sauf si les milliards accordés à General Motors sont investis en R&D et en production de véhicules au moins hybrides. Gageons que ce n'est pas ce qui va se produire…</div></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-15985960507685710912008-10-12T12:40:00.000-07:002008-10-12T12:47:20.877-07:00A propos de phases B et de fins de cycles<div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Selon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Immanuel_Wallerstein">Immanuel Wallerstein</a> dans un <a href="http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0,50-1105714,0.html">article</a> publié ce week-end dans <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">Le Monde</span>, la crise actuelle conjugue une fin de phase B de Kondratieff et la fin du cycle long du capitalisme. Le système, devenu instable, ne parvient plus à retrouver l’équilibre : le capitalisme ne pourrait se maintenir qu’en raison d’un différentiel entre un centre riche et des périphéries plus pauvres. Or le réajustement des économies « en développement » réduit ce différentiel. D’où une augmentation des coûts de main-d’œuvre, de matières premières et d’impôts. Cette crise remettrait en question la notion d’un progrès continu, née au XIXe siècle.<br /></div><div style="text-align: justify;"> Nous sommes donc entrés dans un temps de transition ; plus de phase A à envisager ; à la place, un chaos politique. Les solutions, comme au moment de la crise du système féodal, sont encore hésitantes : on part dans de multiples directions. « Nous sommes dans une période assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. »<br /></div><div style="text-align: justify;"> Deux voies sont possibles, toujours selon I. Wallerstein : un système pire que le capitalisme (exploitation violente) ou un système plus égalitaire et redistributif. Dans les deux cas, les Etats-Unis ne seront plus au centre du système monde. Devenus un état « comme les autres », ils risquent de sombrer dans des conflits internes.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Que penser de cette vision presque apocalyptique (« qui révèle, qui découvre »), annonciatrice de la fin de notre monde ?<br /></div><div style="text-align: justify;"> La fin d’un système capitaliste est difficile à imaginer. Nous n’avons de référent non-capitaliste que le passé, fait de connaissance et non fait d’expérience. En outre, les cycles anciens ont disparu, ils ne peuvent servir de modèle. C’est l’invention d’un nouveau modèle qui donne le vertige.<br /></div><div style="text-align: justify;"> Les tâtonnements auxquels fait référence Wallerstein pour les XVe-XVIe siècles sont contemporains des guerres de religion et de la prise d’importance des communautés urbaines. Mais ils sont également contemporains d’un mouvement de pensée qu’I. Wallerstein ne cite jamais : l’humanisme de la Renaissance. Ce mouvement de pensée plaçant l’homme au centre de l’Univers est inséparable d’une idéologie capitaliste qui le fait maître des ressources naturelles ; un siècle après l’apparition de l’humanisme, la pensée de Descartes renforce l’idée d’un homme a-naturel, sorti de la nature.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Les crises qui ont précédé la crise financière (crise alimentaire, crise des matières premières) sont liées à une pression trop forte et non rationalisée sur les ressources naturelles, conséquence éloignée de la pensée humaniste. La déconnexion entre les hommes et le réel (on mange sans plus songer à la chaîne alimentaire qui précède notre acte de consommation ; on utilise de l’électricité et de l’essence sans penser à la production de ces sources d’énergies et leur finitude) se retrouve dans la crise financière due en grande partie à l’utilisation de produits financiers complexes et éloignés de l’économie réelle.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Le changement de cycle long va amener une ou plusieurs nouvelle(s) idéologie(s) qui vont donner le ton du système à venir. Ces idées seront les conséquences de la crise, comme l’humanisme fut conséquence des âges féodaux, en même temps que rupture. Elles naîtront de quelques individus, d’abord isolés, qui constitueront un réseau. Elles seront en compétition les unes avec les autres, et en rivalité avec le modèle dominant (que l’on songe aux démêlés des humanistes avec l’Église) jusqu’à ce qu’un système idéologique l’emporte. Chacun peut participer à cette nouvelle mise en place. Aujourd’hui comme hier, ce sont les réseaux qui pourront aider à l’affirmation d’un système ou d’un autre. Ces réseaux seront internationaux, comme ils l’ont été. Ils seront fondés sur un nouvel humanisme, qui donne à l’homme une autre place par rapport à « l’univers », et une nouvelle conception de la richesse, qui tienne compte des dégradations imposées aux ressources. Ou bien sur un nouveau féodalisme, qui donnera les ressources à un petit nombre, au détriment des autres, prolongement de l’oligarchie financière qui existe aujourd’hui. Ou bien sur d’autres principes dont nous n’avons même pas idée.<br /></div><div style="text-align: justify;"> Tout reste à faire. Mais pour que ce tout soit dans l’intérêt du plus grand nombre, il doit être fait avec le plus grand nombre.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-84918728939467364372008-10-11T09:37:00.000-07:002008-10-11T09:50:52.055-07:00Une réforme de démocrates ?<div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;"><span class="Apple-style-span" style="font-size: small;">NB : ce post est la version longue d'un article publié le vendredi 10 octobre dans le <span class="Apple-style-span" style="font-style: normal;">Libé des Historiens</span></span></span>.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> La phase des motions avant son congrès de Reims devrait être l’occasion pour le Parti socialiste de tester l’usage des technologies numériques dans les campagnes politiques. Pourtant, la modernité numérique des socialistes paraît mal engagée.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Ils avaient démarré fort en 2006 : dès les primaires pour désigner le candidat à la présidentielle, Ségolène Royal avait utilisé l’outil internet pour pallier son manque de visibilité dans les médias traditionnels. Le site Désirs d’avenir avait offert aux internautes l’accès à des forums, une newsletter, des vidéos Dailymotion intégrées sur le site (alors que l’UMP ne proposait des vidéos que sur Dailymotion) et un référencement des blogs de soutien à sa candidature. L’innovation principale ne résidait pas dans ces outils, connus par ailleurs, mais dans la mobilisation de modérateurs permettant d’alerter sur les contributions intéressantes et faisant la synthèse des forums. Cette synthèse devait alimenter l’ouvrage promis par la candidate et publié en ligne, chapitre après chapitre, afin que les internautes puissent le discuter. L’expérience fut prolongée et amplifiée durant la campagne, grâce à une équipe de 70 modérateurs qui évalua plus de 60 000 contributions. La lourde synthèse issue de ces échanges fut encore enrichie par les synthèses tirées des débats IRL (<span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">in real life)</span>. Néanmoins, son programme politique ne tenait que faiblement compte de ces débats participatifs. D’où un certain scepticisme au sein du parti (et au-delà) sur l’intérêt d’une telle démarche. Pourtant, les débats sur les forums avaient permis à des contributeurs fidèles de se regrouper, « virtuellement » dans un premier temps, puis IRL, donnant lieu à des comités locaux. C’est-à-dire à un embryon de réseau social qui dépassait la forme adoptée par le site.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> La réalisation numérique de ce type de réseau politique est apparue outre-Atlantique avec la campagne de Barack Obama, qui a donné une toute autre dimension à l’usage politique d’Internet. Selon Maurice Ronai, chercheur à l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales et délégué national du PS pour les technologies de l’information, elle marque «<span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;"> la rencontre entre l’héritage des campagnes utilisant Internet depuis 2004 et la philosophie d</span>u committee organizing ». Cette dernière renvoie à la pensée du sociologue Saul Alinski, théoricien des pratiques d’organisation sociale, qui eut une influence décisive sur les démocrates : Hillary Clinton a fait sa thèse sur la pensée d’Alinski, et Barack Obama fut <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">committee organizer</span> à Chicago. La campagne d’Howard Dean lors des primaires démocrates de 2004 avait utilisé les potentialités de Meet Up, un site internet permettant d’organiser les rencontres entre individus partageant les mêmes intérêts. La mise en place de réseaux sociaux par le biais d’internet était dès lors apparue comme un moyen incontournable de mobiliser les sympathisants pour le jour de l’élection. Ce n’est donc pas un hasard si Chris Hugues, l’un des fondateurs de Facebook, est le directeur de la campagne internet de B. Obama. Le site mybarackobama.com fonctionne à l’image de tous les sites de réseaux sociaux : parrainage, partage des profils, contacts directs entre membres du réseau, mise en place d’événements etc. Le système se développe parallèle au réseau IRL des Obama Camps, ces formations de deux jours qui initient les supporters du candidat aux techniques de persuasion, de démarchage téléphonique…<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Pour l’instant, peu de socialistes semblent avoir pris conscience des formidables ressources offertes par les réseaux sociaux. Certes, dans l’optique du congrès de Reims, toutes les motions ont mis en place un site, et la plupart ont des groupes dédiés dans les grands réseaux sociaux de type Facebook. Seule la motion d’Utopia est nettement en retrait : sur son <a href="http://www.utopi-terre.fr/">site</a>, on peut uniquement télécharger la motion et… un coupon pour renvoyer sa signature. La plupart des autres permettent le téléchargement de la motion et sa signature en ligne, et reprennent les fonctionnalités de Désirs d’avenir : forum, référencement de blogs, vidéos, mise à disposition du matériel de campagne, agenda. Le <a href="http://unmondedavance.eu/">site proposé par B. Hamon</a> (dont le nom insiste sur son engagement européen) est à cet égard le plus proche du modèle original. D’autres incluent quelques originalités : le <a href="http://www.blogger.com/www.clarte-courage-creativite.com">site de Bertrand Delanoë</a>, qui permet de soutenir financièrement la motion, met à disposition des internautes des widgets pour leur blog et une « machine à tract » ; <a href="http://martineaubry.fr/">celui de Martine Aubry</a> renvoie à des groupes de réseaux sociaux et propose aux internautes de déposer des arguments de campagnes. Le <a href="http://www.fiersdetresocialistes.org/">site de Gérard Collomb et Ségolène Royal</a> est nettement en retrait par rapport à Désirs d’avenir, l’aspect participatif en étant pour l’instant totalement écarté.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Dans ce paysage traditionaliste, le <a href="http://www.monpoleecologique.fr/">site du Pôle écologique</a> fait exception. Son nom (www.monpoleecologique.fr) est une référence explicite à la campagne de B. Obama. Il se présente comme un réseau social ouvert aux signataires de la motion, dont le profil est accessible au sein du réseau. Une carte de France permet de visualiser les signataires de la motion. Ceux-ci peuvent se contacter directement afin de monter des événements, également indiqués sur la carte. Les échanges entre militants (et sympathisants) sont ainsi facilités et court-circuitent la hiérarchie habituelle. Au sein du parti, cela pourrait induire une vraie révolution.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> La notion d’amitié appliquée à la politique n’est pas nouvelle. Dans la Rome républicaine, les réseaux d’amis et de clients constituaient une nébuleuse contrôlée par les grandes familles au pouvoir. Lorsque Cicéron prodigue des conseils à son frère, candidat à une haute fonction à Rome en 64 av. J.-C., il l’incite à mobiliser ses réseaux et à se déplacer en ville entouré de tous ses clients afin de montrer son importance politique (toute ressemblance…). La moindre perturbation de ces relations hiérarchiques (on est l’ami de ses égaux, mais le client de ceux qui ont une position sociale plus élevée) représentait un danger pour les familles au pouvoir, prompte à se retourner contre les réformateurs trop audacieux. En 312 av. J.-C., le censeur Appius Claudius Caecus remplaça le système des curies, héritages des premiers temps de la cité et par conséquent construites autour de l’aristocratie traditionnelle, par celui de tribus géographiques où furent inscrits de nouveaux citoyens. En réduisant l’influence des oligarques (qui le lui firent payer à coup de procès et de dénonciations calomnieuses), Appius Claudius réussit à fonder un nouvel espace civique, plus démocratique. Sa réforme se matérialisa sous la forme d’un nouveau bâtiment destiné aux assemblées populaires : de forme ronde, il rappelait l’égalité de tous les citoyens, qu’ils fussent inscrits depuis peu sur les listes ou qu’ils appartinssent aux grandes familles se proclamant descendantes des proches de Romulus. Une partie des réformes d’Appius Claudius fut rapidement annulée par les oligarques. Ce censeur romain a souvent été comparé à Clisthène, le réformateur athénien qui, à la fin du VIe siècle, avait cassé la structure clanique du corps civique en réorganisant entièrement le réseau électoral de la cité. Il transforma les anciennes tribus, qui regroupaient les citoyens selon des unités géographiques soumises à l’influence d’aristocrates implantés localement, en nouvelles unités dont les membres étaient répartis sur tout le territoire attique. Sa réforme constitua pour Athènes un premier pas vers la démocratie, appelé <a href="http://aspasieb.blogspot.com/2007/12/la-rforme-de-clisthne-ou-linfluence-du.html">isonomie</a>. <br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"> Nouveau rapport au territoire (national et non plus fédéral), promotion du rapport direct entre signataires, constitution de communautés indépendantes des sections, ces caractéristiques du réseau social monpoleecologique.fr sont autant d’échos aux réformes des démocrates antiques. Le pôle écologique serait-il le Clisthène du PS ?<br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-54990909892834538142008-10-06T14:30:00.000-07:002008-10-06T14:32:08.509-07:00La terre et le citoyen, un problème dépassé ?<div style="text-align: justify;">À Athènes, tout citoyen avait droit à un lopin de terre sur le territoire de la cité. Et seuls les citoyens pouvaient posséder ces lopins de terre. À Sparte, il fallait posséder une terre pour être citoyen. Le lien entre citoyenneté et possession foncière était par conséquent extrêmement fort.<br /></div><div style="text-align: justify;">À Rome, ce lien était différent, d’autant qu’il a varié selon les périodes. Prenons « l’âge d’or », l’époque médio-républicaine (IVe-IIe siècle av. J.-C.). Lorsque Rome était victorieuse d’une autre cité, elle confisquait ses terres publiques (mais pas ses terres privées, la plupart du temps) et les intégrait à ses propres terres publiques, appelé <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic; ">ager publicus</span>, le territoire public (les Romains sont des gens logiques). Cet <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic; ">ager publicus</span> pouvait être loué aux citoyens romains (et à eux seuls) sous forme de lots inaliénables. La redevance était payée en nature à l’État romain. Là encore, le lien entre le territoire – la terre – et la citoyenneté était étroit.<br /></div><div style="text-align: justify;">Évidemment, les systèmes connurent des ratés : concentration foncière à Sparte (ce qui entraîna une diminution du nombre de citoyens), débordement des locataires les plus riches sur les terres louées par les plus pauvres à Rome. Et la question agraire (celle qui concerne la répartition des terres) conduisit à plus d’une crise politique.<br /></div><div style="text-align: justify;">On a peut-être tendance à l’oublier aujourd’hui.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Il y a quinze jours, <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic; ">le Monde</span> a publié un article sur les investissements chinois au Laos, dans les plantations de caoutchouc. Le manque de forêts disponibles en Chine a amené les producteurs chinois de caoutchouc à s’installer au Laos, sur la forêt secondaire. Celle-ci est détruite pour être remplacée par des plantations d’hévéas. Pour beaucoup d’entre eux, les Laotiens trouvent leur intérêt dans cette transformation : la vente de leur terre leur a permis d’améliorer rapidement leur train de vie ; le besoin de main-d’œuvre a par ailleurs provoqué un vaste mouvement migratoire vers le nord du pays, là où sont implantées les forêts d’hévéas.<br /></div><div style="text-align: justify;">Ce phénomène d’achat des terres par des étrangers, qui peut être assimilé à du néo-colonialisme, n’est pas unique : les pays du Golfe achètent des terres en Ukraine, au Pakistan, en Ouganda etc, tout comme les industriels agroalimentaires ou les fonds d’investissement. Les régions concernées connaissent une forte spéculation foncière, les paysans risquent l’expropriation, sans parler de la déforestation induite et de la diminution des cultures vivrières, donc des ressources alimentaires pour les populations concernées.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Un modèle participatif avait été promu par le gouvernement laotien pour éviter que les plus vulnérables, tentés par la vente de leur terre à bon prix, ne connaissent des difficultés financières ou d’approvisionnement : au lieu de vendre la terre, le gouvernement avait préconisé que les paysans la conservent et touchent un revenu lié à la production. Mais la corruption et la pression de l’armée ont miné cette initiative.<br /></div><div style="text-align: justify;">Pourtant, dans les autres pays touchés par ce néocolonialisme agraire, c’est ce type de solution participative qui est soutenu par les ministères de l’aménagement du territoire (au Sénégal, par exemple). Car la conception selon laquelle l’État garantit l’accès pour tous à la terre n’est pas réservée à l’Antiquité. La terre est ce qui permet à chacun de survivre, et l’État a tout intérêt à éviter les crises de subsistance ou la ruine des petits propriétaires. Or, le modèle prédominant en Occident est une concentration des terres qui permet une mécanisation et des rendements accrus. Le lien entre le citoyen et la terre est coupé. Et lorsque les prix des produits alimentaires augmentent, ceux qui n’ont plus de terre n’ont pas d’autre moyen que payer plus cher, donc se rationner.</div><div style="text-align: justify;">La mise en place de jardins partagés, la réactivation des jardins ouvriers sont autant de moyens de retrouver la pratique ancestrale de l’autosuffisance. Elle paraît rétrograde et égoïste. Mais elle évite que les industries agro-alimentaires ne prennent le pas sur l’un des devoirs de l’État : s’assurer de l’approvisionnement des citoyens, afin qu’il ne dépende pas d’intérêts privés mettant en péril la survie de chacun. <br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-7413022461006368962008-09-08T14:08:00.000-07:002008-09-08T14:32:46.605-07:00L'histoire à l'envers<div><br /></div><div>Un article du <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">Monde</span> (7-8 septembre 2008) qui fait froid dans le dos : <a href="http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/09/06/se-souvenir-des-dechets-nucleaires_1092265_0.html">Se souvenir des déchets nucléaires.</a></div><div><br /></div><div>Les déchets nucléaires resteront en activité durant des milliers d'années. Jusqu'à 50 000 ans. Quel souvenir avons-nous de la localisation des activités humaines datant de 50 000 années ? Nous ne les retrouvons qu'au hasard de l'archéologie. À vrai dire, nous tombons dessus. Heureusement que nos ancêtres n'ont pas eu la mauvaise idée de planquer des objets dangereux (insidieusement dangereux, puisqu'à l'oeil la radioactivité ne se détecte pas), sinon le métier d'archéologue se rapprocherait de celui de démineur. Ce qui arrive, en fait, dans certains pays d'Asie ou d'Afrique ; et même, plus près de chez nous, dans les Ardennes par exemple.</div><div><br /></div><div>Concernant les déchets radioactifs, le problème se pose d'une mémoire à entretenir, sans savoir pour qui l'entretenir : pour des hommes beaucoup plus intelligents, avec des technologies novatrices dont nous n'avons même pas idée ? Pour des hommes possédant des outils plus sommaires que les nôtres, suite à une catastrophe inimaginable ?</div><div>L'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs est confrontée à un problème difficile à résoudre : sur quels supports entretenir la mémoire ? Par support, il faut comprendre à la fois le support matériel (papier ? numérique ? panneaux ? marbre ?), mais aussi le support symbolique. Doit-on utiliser du texte, sachant que les langues évoluent, disparaissent ? Des images, dont l'interprétation est intrinsèque à une civilisation, et peut totalement échapper à une autre ?</div><div><br /></div><div>Nous avons du mal à comprendre certaines constructions laissées par nos ancêtres. Les peintures dans les grottes préhistoriques, l'orientation des pierres dressées de Stonehenge ou de Carnac, font aujourd'hui l'objet de controverses scientifiques sur leur signification. Comment être certains que nos descendants comprendront le message que nous souhaitons leur adresser, s'ils n'ont plus l'idée de ce qu'est l'énergie nucléaire ? Comment leur faire comprendre le danger qu'ils courent avec ces pollutions que nous leur laissons ?</div><div><br /></div><div>Il existe peut-être une solution pour en conserver le souvenir : le mythe oral. Si l'histoire d'Ulysse nous est encore familière, même si elle est mal connue, c'est parce qu'elle s'est transmise par l'oralité. Déformées, transformées, l'Odyssée ou l'Iliade font partie de l'imaginaire de la plupart d'entre nous, et avec elles la faiblesse des cités face aux dieux qui dirigent la nature (les tempêtes déclenchées par Poséidon ; le cheval de Troie) ; la contingence de la destinée humaine mais également la liberté de l'individu qui peut choisir son chemin, et notamment celui du retour dans sa patrie ; l'élaboration de la cité et son mode de décision face aux dangers qui la menacent. Avant d'être fixées par l'écrit au VIIIe siècle av. J.-C., les épopées dites d'Homère ont été récitées, ornementées, répandues par des poètes. Même figées dans l'écrit, elles ont continué à être apprises par coeur ; elles ont fait l'objet de récits exemplaires ; elles se retrouvent aujourd'hui encore dans les livres pour enfants, et même les dessins animés. Elles ont traversé au moins trois mille ans. Ce n'est rien à côté de la radioactivité que nous produisons. Mais c'est déjà ça.</div><div>Dans une société où l'oral tend à s'amenuiser devant la multiplicité, la pléthore des écrits (dont ce blog est une illustration…), faut-il renoncer à la mémoire des récits - à la récitation ? Si les câbles qui relient nos ordinateurs à leurs serveurs venaient à disparaître, toute notre mémoire artificiellement stockée disparaîtrait également.</div><div><br /></div><div>Pour protéger nos sociétés, dans ce qu'elles ont de pérenne (à défaut d'intemporel), ne devons-nous pas penser à diffuser le savoir par une multiplicité des mémoires, au lieu d'une multiplicité des écrits ? Afin que les histoires que se transmettent les générations, le soir, "au coin du feu", constituent également un message d'alerte quant aux dégâts que nous avons causés, et que nous causeront encore.</div><div><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-70986027091572781442008-09-05T02:51:00.001-07:002008-09-05T03:05:47.843-07:00Entre oligarchie et démocratieNos régimes "occidentaux" sont-ils encore des démocraties ? Ne sommes-nous pas plutôt en face d'oligarchies économiques (les oligopoles) ou politiques (responsabilités confiées à de petits groupes qui se coupent peu à peu du peuple) ?<div><br /></div><div>La question agite de plus en plus les chercheurs en sciences sociales : sur <a href="http://www.alterinfo.net/Que-reste-t-il-de-la-democratie-_a21161.html">l'application de la notion démocratique</a> ou le <a href="http://www.marianne2.fr/La-nouvelle-ploutocratie-nee-de-la-mondialisation_a90831.html">poids des multinationales</a>. </div><div>Si la démocratie n'est plus qu'un mot appliqué à des régimes gérés par des oligarques, n'appartient-il pas aux peuples de retrouver leur pouvoir ? et quelle crédibilité ont les "démocraties occidentales" dans les échanges internationaux, lorsqu'elles veulent imposer leur point de vue, si elles ne sont plus des démocraties ?</div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-40546626345268668212008-08-31T04:10:00.000-07:002008-08-31T04:40:32.525-07:00Y a-t-il un lien entre biodiversité et démocratie ?<div style="text-align: justify;"><br /></div><span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;"><div style="text-align: justify;"><span class="Apple-style-span" style="font-style: normal; "><span class="Apple-style-span" style="font-style: italic; ">A priori</span>, non.</span><br /></div></span><div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Quel rapport entre une notion environnementale et une notion politique ? L’homme, en acceptant le contrat social, sort de l’état de nature. Est-ce à dire qu’il sort de la nature ? Il semble que oui, si l’on reste dans le cadre d’une pensée cartésienne qui pense l’homme comme a-naturel. Penser l’homme au-dessus son environnement est une tradition ancienne, liée au monothéisme (je vais un peu vite, là ; c’est schématique, il faudrait s’intéresser aux détails, mais je reste dans les grandes lignes). Dans la conception humaniste, l'homme est être d'antinature et de liberté, ce qui fait de la nature un domaine autorégulé exploitable par l'homme. Mais cette exploitation peut aboutir à une modification de l’autorégulation naturelle, qui conduit à l’ère actuelle, appelée <span class="Apple-style-span" style="font-weight: bold;">anthropocène</span> par <a href="http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2143">certains membres de la Société de géologie de Londres.</a><br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div></div><div><div style="text-align: justify;">Aujourd’hui <a href="http://www.philomag.com/article,dossier,l-homme-ou-la-nature-faut-il-choisir-dialogue-entre-philippe-descola-et-luc-ferry,481.php">s’opposent</a> les partisans d’une nature qui doit être préservée au bénéfice de l’homme seul (L. Ferry, <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic; ">Le nouvel ordre écologique</span>) aux écocentristes, pour qui c’est pour elle-même que la nature doit être considérée (par exemple Ph. Descola). Ce courant, qui est souvent ramené à la <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic; ">deep ecology</span> et à ses dérives radicales voire terroristes, offre en réalité une <a href="http://www.mouvements.info/spip.php?article81">option philosophique humaniste</a> pour repenser l’homme dans son environnement, à un moment où la crise environnementale risque de déboucher sur une crise politique, une crise de la cité. La raréfaction des ressources et la pression démographique imposent en effet une optimisation des ressources naturelles, qui nécessite une solidarité planétaire. Le gaspillage actuel des ressources, en augmentant les déséquilibres sociaux et environnementaux, détruit chaque jour un peu plus l’équilibre politique.<br /></div><div style="text-align: justify;">Si on part du principe (philosophique) que l’homme social (après qu’il a conclu le contrat, et pas seulement dans l’état de nature) n’est pas au centre du monde ni au-dessus de la nature, mais bien dans la nature, c’est la cité qui se voit réintégrée dans son environnement naturel.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Revenons alors à la biodiversité : celle-ci apporte à la cité des ressources, et plus la biodiversité est grande, mieux les cycles biologiques fonctionnent, plus les ressources apportées sont variées. Cette variété des ressources permet une régulation optimale des conditions de vie dans la cité : par exemple, le respect des chaînes alimentaires permet de réduire la prolifération des animaux qui menacent les productions alimentaires pour l’homme. La perte de la biodiversité induit pour la société un coût économique important : il faut remplacer par des créations humaines, donc coûteuses, ce que la nature n’assure plus parce qu’un maillon de la chaîne a disparu ; par exemple, la diminution de la pollinisation par disparition des abeilles entraîne des surcoûts en semences ou en pollinisation artificielle. Ce coût économique constitue une perte de ressources financières qui auraient pu apporter davantage de services et de bien-être à chacun.<br /></div><div style="text-align: justify;">La cité est par conséquent directement concernée par la biodiversité et son évolution.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Qu’en est-il plus précisément de la démocratie ? Le lien existant entre la cité et la nature pourrait être régulé par n’importe quel système. Ce que la démocratie permet, c’est l’implication de chacun dans le maintien de la biodiversité, donc une multiplicité des actions. On constate très bien aujourd’hui la dimension participative de l’observation de la biodiversité : aux groupes d’experts (<a href="http://www.blogger.com/www.pt-uf.pt-dlr.de/en/610.php">GEOBON</a>, Group on Earth Observation - Biodiversity Observation Network) s’adjoignent des citoyens sollicités par les scientifiques pour observer chez eux, dans leur jardin, leur campagne etc les modifications des cycles naturels (phénologie). Récemment, l’équipe de Thalassa a ouvert une rubrique internet, les <a href="http://www.thalassa.france3.fr/sentinelles-du-littoral/index-fr.php?page=accueil">Sentinelles du Littoral</a>, où chacun est appelé à laisser ses observations concernant le littoral qu’il a sous les yeux.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">L’observation de la biodiversité constitue un formidable outil de solidarité entre les citoyens : elle rappelle à tous, en milieu urbain comme en milieu rural, les interactions entre l’homme et son milieu ; elles permettent à chacun de prendre conscience des conséquences de ses actes privés pour l’ensemble de la communauté. La mise en commun des informations crée du lien entre les participants, où qu’ils soient dans le monde. Mais cela nécessite une libre circulation des informations et des hommes.<br /></div><div style="text-align: justify;">La deuxième étape, après l’observation de la biodiversité, concerne les mesures à prendre, qui doivent engager la société à l’échelle locale, mais également à l’échelle mondiale. Il est donc nécessaire de passer par une phase de discussions qui, elles-aussi, doivent être participatives, ouvertes aux citoyens dans le cadre de jurys citoyens ou d’assemblées locales.<br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Ainsi, la réflexion de chacun sur son empreinte écologique permettrait d’accroître son empreinte politique. La réinsertion de l’homme dans l’environnement, au lieu de restreindre sa puissance, constitue bien un moyen d’augmenter sa participation démocratique.<br /></div><br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2120055268735337442.post-59815506955565658572008-08-27T02:27:00.000-07:002008-08-27T05:58:54.674-07:00La démocratie selon Cornelius Castoriadis<div><br /></div>J’ai lu ce matin le compte-rendu de l’ouvrage de C. Castoriadis, <span style="font-style:italic;">La cité et les Lois</span>, par S. Chapel, sur le site <a href="http://www.laviedesidees.fr/Castoriadis-a-l-ecole-de-la-Grece.html">La vie des idées</a>. Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris, mais en tout cas l’ensemble est stimulant.<div><br />Selon Castoriadis, la démocratie tire son unité et son identité du rapport entre la société et un imaginaire appelé les « significations imaginaires centrales » (exemples : Dieu, le Parti, le Capital…). Au VII<span class="Apple-style-span" style="font-size:small;">e</span> siècle av. J.-C., les philosophes découvrent le chaos dans le monde ; la cité ne dépend donc pas de normes immuables, de dieux, c’est à elle de forger ses institutions par un appel à la délibération collective. En effet, rien n’étant donné, c’est la <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">doxa</span>, l’opinion, qui doit trouver les formes d’organisation. Pour aboutir à un système qui fonctionne, il s’agit de multiplier les <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">doxai</span>. La légitimité de la cité repose donc sur l’assemblée des citoyens (qui n’est pas représentative, mais directe, participative). Les magistrats (au sens antique du terme, c’est-à-dire les responsables politiques) sont principalement tirés au sort. Lorsqu’ils sont élus, ils ne représentent pas le peuple ; l’ensemble des <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">doxai</span> les désigne comme compétents pour accomplir une tâche qui n’excède pas une durée d’un an.</div><div><br />Cette pratique démocratique souffre de deux excès, selon Castoriadis : une démesure (<span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">hybris</span>) par excès ; une démesure nihiliste. La première découle de l’absence de signification immuable et de la liberté laissée au démos de choisir ses formes politiques : les décisions des <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">doxai</span> ne peuvent être confrontées à aucun modèle, aucun étalon. L’autolimitation du <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">dèmos</span> reste difficile. La démesure « par défaut » est incarnée par Socrate, qui interroge le fonctionnement de la cité et remet en cause les certitudes des citoyens, sans pour autant proposer de solutions alternatives ; il détruit, sans reconstruire. La cité risque par conséquent de tomber dans un scepticisme nihiliste qui conduit à l’absence d’action.</div><div><br />La faille du raisonnement de Castoriadis repose sur les significations, imaginaires : pourquoi devraient-elles obligatoirement conduire à la démocratie ? En outre, Castoriadis part du principe que la conception du chaos a amené la démocratie ; mais les philosophes qui ont pensé le chaos n’étaient pas tous athéniens, ils n’avaient pas à Athènes une influence plus grande qu’ailleurs. Or dans la plupart des cités grecques, les systèmes politiques sont aussi bien des oligarchies que des tyrannies : c’est la <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">doxa</span> d’un seul, ou celle d’un petit groupe, qui a été préférée à la <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">doxa</span> de tous les citoyens.<br /><br />La participation démocratique de tous les citoyens dans une assemblée non-représentative est donc un choix parmi d’autres pour ordonner un monde « chaotique ». Ce choix repose sur l’idée que le meilleur des gouvernements repose sur le mélange de toutes les opinions, pour qu’en sorte une doxa collective. Mais, rapidement, l’expression de la <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">doxa</span> collective a été confisquée par ceux qui savaient parler, c’est-à-dire exposer mieux que les autres leur <span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">doxa</span> particulière. C’est un risque qui guette toute démocratie participative.<div><br /></div><div><span class="Apple-style-span" style="font-size:small;"><span class="Apple-style-span" style="color: rgb(51, 0, 51);"><span class="Apple-style-span" style="font-style: italic;">PS : après deux jours d'expérience des annonces Google, je dois avouer que le résultat de l'analyse googelienne des posts est à la fois prévisible et surprenante : je comprends les "locations d'hôtel" sur Athènes, mais la pub pour les services de Supernanny, apparue plusieurs fois, reste à mes yeux étonnante…</span></span></span></div></div>Unknownnoreply@blogger.com0