Il y a quelques jours, paraissait dans les pages Débats du Monde un texte du sociologue allemand H. Welzer concernant le devenir de la démocratie occidentale, à partir d’une étude sur la démocratie en Allemagne (archive payante sur le site du Monde).
Les réflexions sur la remise en question de la démocratie se développent depuis quelques mois. La cause ? Les BRIC et leur modèle de développement qui n’obéit plus à l’équation occidentale traditionnelle "démocratie + capitalisme" : il ne serait plus obligatoire d’instaurer une démocratie pour que la croissance du pays augmente. Comme le souligne H. Welzer, un tel modèle peut séduire bien des interlocuteurs des BRIC (pourquoi pas certains pays africains qui sont déjà en étroite relation avec la Chine, du point de vue économique ?). La perte de vitesse du modèle occidental ouvre "d'autres voies vers une modernité que nous ne connaissons pas". Effrayant, pour un Occident qui voit l’établissement de la démocratie libérale comme une fin de l’histoire.
Face à cette situation, deux comportements sont possibles : s’enfoncer dans le modèle libéral offert par l’école de Chicago ou inventer un nouveau type de démocratie.
Dans le premier cas, H. Welzer prévient contre les dérapages auxquels le mécontentement des classes moyennes pourrait conduire, rappelant les crises totalitaires du XXe siècle qui s’appuient sur une dérive populiste. Appliquons ce raisonnement à la France, qui a su dans les deux siècles passés éviter la tentation totalitaire, malgré les risques boulangistes et poujadistes. Au cœur de l’analyse d’H. Welzer réside l’idée que les classes moyennes ne font plus confiance au système étatique où elles évoluent (en l’occurrence un État providence qui ne protège plus du déclassement). En France, une telle rupture est d’autant plus dangereuse pour la démocratie que ces classes moyennes ont été le terreau de l’option démocrate au XIXe siècle (cf. les analyses de R. Rémond, dans L’introduction à l’histoire de notre temps, le XIXe siècle), permettant la mise en place de la République. Or le système démocratique à lui seul ne peut garantir le bien-être des citoyens, parce qu’à l’heure actuelle il n’a pas de prise sur l’économie. Il pourrait en avoir sur le social, à condition que l’ensemble des citoyens prenne conscience des liens horizontaux (entre contemporains) et verticaux (entre générations) qui seuls permettent de construire une société.
C’est la raison pour laquelle H. Welzer préconise une autre solution : la « modernisation de la démocratie ». Cette modernisation passe par la fin de l’assistance, qui à terme détruit l’idée de solidarité individuelle (puisque c’est l’État-Providence qui est chargé de la solidarité globale), au profit de la participation.
Tiens, nous voici revenus à la démocratie participative. Elle est pour H. Welzer « le seul moyen pour les individus de s’identifier à un ensemble dont ils sont eux-mêmes partie prenante ». Ce qui signifie qu’elle seule peut faire naître le sentiment de responsabilité qui est au cœur du lien social.
H. Welzer n’évoque pas la forme que doit prendre cette participation. On pourrait dire que les Allemands qui assistaient aux discours d’Hitler avaient l’impression de participer à l’œuvre de relèvement national. D’accord, c’est pousser le bouchon un peu loin. Mais la question de l’échelle de participation est cruciale : comment pousser à la participation des citoyens qui participent peu aux élections ? C’est là que l’échelon local intervient. Il faudrait parler de Murray Bookchin et du communalisme. Ce sera pour un autre jour.
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