mercredi 19 novembre 2008

Un mois plus tard… un nouveau catastrophiste

Ce qui est réjouissant avec la thématique écologique, c'est le nombre de catastrophes que l'on peut affronter en quelques jours.

Ainsi, les pages Planète du Monde font alterner récits enthousiasmants (des architectes qui améliorent des bidons-villes par des constructions "durables" ; l'oenologie d'Afrique du Sud qui se met au vert…) et descriptions apocalyptiques.
L'interview de Claude Lorius, glaciologue, parue le 12 novembre, appartient à la deuxième catégorie. Attention, Claude Lorius est un optimiste : il y aura "des catastrophes, des cataclysmes, des guerres. Les inondations, les sécheresses, les famines s'amplifieront" MAIS "l'homme sera toujours là". Et oui, bienvenue dans le monde moderne : tout va mal, mais vous n'avez aucune chance d'en sortir !
Claude Lorius accepte l'idée d'anthropocène, associée par Paul Crutzen à l'augmentation des concentrations en CO2. Il l'applique à l'ensemble de la planète (occupation des sols, utilisation des ressources, gestion des déchets). Mais, à la différence de certains écologistes "profonds", il ne met pas en cause la pression démographique ; l'important selon lui est la pression énergétique (un chiffre en passant : au XXème siècle, alors que la population était multipliée par quatre, "la consommation d'énergie dont dépendent les émissions de gaz carbonique était multipliée par 40"). Une des solutions serait d'aboutir à une gouvernance internationale. Mais rien ne semble s'engager en ce sens, parce que les hommes politiques vivent dans le temps court, et que les solutions doivent être pensées par rapport au temps long.

D'où une fin de discussion très pessimiste : "Le développement durable est une notion à laquelle je ne crois plus. On ne peut pas maîtriser le développement. Et pour être durable, il faudrait être à l'état d'équilibre, or cet équilibre n'existe pas. Avant, j'étais alarmé, mais j'étais optimiste, actif, positiviste. Je pensais que les économistes, les politiques, les citoyens pouvaient changer les choses. J'étais confiant dans notre capacité à trouver une solution. Aujourd'hui, je ne le suis plus… sauf à espérer un sursaut inattendu de l'homme".

La question est donc : comment aboutir à ce sursaut ? Faut-il attendre une catastrophe épouvantable ? Ou bien, même dans la catastrophe, les hommes vont-ils se tourner vers des solutions traditionnelles ?
Après l'affolement général dû à la crise financière, les gouvernants ne sont-ils pas en train de revenir à une position ancienne ? C'est l'attitude de G. Bush : inutile de s'agiter, de toute façon, le libéralisme a toujours trouvé un point d'équilibre. Ces propos qui se veulent rassurants (pour qui ?) rapprochent le laisser-faire économique du comportement de Ponce Pilate. Mais doit-on leur préférer un interventionnisme qui pourrait se traduire par le don de 25 milliards d'euros à des firmes automobiles qui n'ont pas voulu s'adapter au changement énergétique ? La défense des habitudes ancrées dans la consommation n'est pas le sursaut attendu. Sauf si les milliards accordés à General Motors sont investis en R&D et en production de véhicules au moins hybrides. Gageons que ce n'est pas ce qui va se produire…

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